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Critique de lafilledepassage


--- COUP DE COEUR ---

Printemps, la saison propice aux jeunes graines. La saison propice aux belles découvertes. La saison de la poésie. Et l'écriture de Victoire de Changy est sans nul doute poésie.
C'est un vrai plaisir pour le lecteur de se laisser emporter par cette écriture travaillée et sobre mais en même temps naturelle, jaillissante, sensuelle. Sans chichi, sans arabesque, sans exubérance. Un plaisir peut-être trop rare dans les romans actuels. Peut-être parce que ces romans sont écrits par des journalistes, des scénaristes, des universitaires qui ne lisent pas assez les poètes …

Victoire de Changy, elle, lit la poésie. Victoire de Changy aime la poésie, et cela se sent, cela transpire, cela déborde dans son écriture. Une écriture rythmée, peut-être à lire tout haut. Lire tout haut dans sa tête, ou vraiment tout haut, seul dans sa chambre, ou peut-être même tout haut devant des amis. Car cette écriture demande à prendre corps, à prendre voix. Et à être partagée.

Exactement comme le faisait Pegah, l'héroïne de ce roman, sans se douter de la dangerosité de ses actes. La poésie comme acte de résistance dans l'Iran des intégristes, la poésie comme acte de révolte, la poésie comme nécessité de dire, de fabriquer du sens, d'ouvrir les consciences. Les Mollahs ne s'y trompent pas et font vite taire cette dangereuse révolutionnaire, cette frêle jeune fille qui déclame ses quatrains à la foule tous les soirs.

Mais la poésie pour naître a besoin d’un corps qui voit, qui sent, qui touche… La poésie a besoin d’un cœur ouvert et accueillant les émotions, un cœur vibrant, et donc fragile. Sans émotion point de poésie. Avec Victoire de Changy, nous sommes ici bien loin d’une poésie désincarnée, bien loin d’un exercice de style uniquement, bien loin de la thèse intellectuelle. Pour le plus grand plaisir des lecteurs faits de chair et de sang.

L’île longue, c’est une histoire étrange, évanescente, presque légère, comme le fantôme de Pegah qui peu à peu s’efface. Voilà,
« Je ferme la porte.
Il y avait quelqu’un, il n’y avait personne.
C’est ainsi que commence chacun des contes perses. »

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