AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dez54


Saint Petersbourg, avril 1849. Il est 4 heures du matin quand la police pénètre dans l'appartement de Fiodor Dostoïevski. Avec lui, une vingtaine d'autres jeunes gens (le cercle de Petrachevski) qualifiés de révolutionnaires sont arrêtés et incarcérés à la prison Pierre et Paul avant d'y être interrogés et jugés.

C'est sur cet évènement que S.I. Charpentier base son roman paru en 2011. L'auteur y décrit l'arrestation de notre écrivain alors âge de 28 ans et de ses comparses puis son séjour au sein de la forteresse Pierre et Paul.
À cette époque, le monde est encore sous le choc du Printemps des peuples, mouvements révolutionnaires et insurrectionnels qui s'étendirent de la France à la Pologne. La Russie, sans doute alors le plus « archaïque » et autoritaire pays d'Europe (le servage n'y sera aboli que 12 ans plus tard) craint une révolution et le régime tsariste se méfie tout particulièrement de la jeunesse libérale dont Petrachveski et les siens sont l'emblème.

L'ambiance paranoïaque et oppressante qui règne au sein des fonctionnaires et militaires russes (qui n'est pas sans rappeler celle que l'on trouve dans le Double) est très bien racontée par l'auteur et constitue un des points forts du roman. Alors qu'on pourrait craindre un certain ennui du fait de la quasi-absence d'action et du sujet très précis du roman, Charpentier se débrouille adroitement pour alterner les narrateurs, et entretenir le suspense sur de possibles dénonciations mutuelles entre prisonniers tout comme sur le sort final réservé aux révolutionnaires. D'ailleurs, la scène finale (véridique) est digne d'une pièce de théâtre et permet de comprendre le titre du livre.

En revanche, le lecteur qui voit là une biographie de Dostoïevski restera sur sa faim : en effet, on apprendra assez peu sur Dostoïevski dans ce roman. L'écrivain apparait assez conforme à l'image qu'on se fait de l'auteur de Crime et Châtiment et de Les Possédés : un corps frêle, presque maladif balloté par l'histoire. Fiodor Mickailovitch semble alors davantage spectateur qu'acteur dans sa propre vie.

Du chemin qui l'a mené jusqu'au cercle Petrachevski, du bagne et de la lente transformation du jeune écrivain libéral et fasciné par les idées européennes en un croyant fervent et slavophile, on ne saura rien (ou presque)…

Un roman historique réussi mais le lecteur qui cherche une biographie de l'écrivain russe devra trouver son bonheur ailleurs.

Un grand merci aux éditions Trakt et à Babelio pour ce livre reçu dans le cadre de Masse Critique.
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}