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Critique de gerardmuller


Voyage en Italie/Chateaubriand
Ce texte assez court a été écrit en 1803.
Chateaubriand tombe immédiatement amoureux de l'Italie et ses magnifiques descriptions de type plutôt impressionniste nous ravissent d'autant plus que son immense culture classique gréco-latine et sa connaissance de la littérature et de l'histoire antiques émaillent toutes ces lignes superbes. Tous ces lieux mythiques lui parlent, toutes ces ruines lui murmurent leur histoire. Cette promenade est une leçon d'histoire.
« Les souvenirs historiques entrent pour beaucoup dans le plaisir ou dans le déplaisir du voyageur. »
Chateaubriand explore le temps tandis qu'il se déplace dans l'espace et sa réflexion devant les ruines ajoute un ton de mélancolie, de respect et de sérénité au propos.
« Nous sommes avertis à chaque pas de notre néant ; l'homme cherche au dehors des raisons pour s'en convaincre ; il va méditer sur les ruines des empires, il oublie qu'il est lui-même une ruine encore plus chancelante, et qu'il sera tombé avant ces débris ».
La visite du Musée Capitolin est un moment inoubliable avec la description des portraits des empereurs et autres personnages célèbres.
Le style inimitable du malouin est à la hauteur de la visite guidée :
« J'ai ouvert ma fenêtre : les flots venaient expirer au pied des murs de l'auberge. Je ne revois jamais la mer sans un mouvement de joie et presque de tendresse. »
À dos de mule accompagné d'un guide, Chateaubriand va sillonner la campagne romaine et napolitaine jusqu'au cratère du Vésuve, l'esprit constamment en émoi.
Une très intéressante description détaillée concerne la topographie ainsi que les travaux réalisés à Pompéi ville anéantie par l'éruption du Vésuve en 79 et qui est « demeurée vingt siècles dans les entrailles de la terre. »
Chateaubriand va rester plus tard longuement rêveur parmi les vestiges du Colisée :
« le soleil qui se couchait versait des fleuves d'or par toutes ces galeries où roulaient jadis le torrent des peuples. »
La visite de la villa Adriana (D'Hadrien) lui inspire de magnifiques lignes :
« Je voyais la villa dépouillée de ses plus beaux ornements par le successeur d'Adrien ; je voyais les barbares y passer comme un tourbillon, s'y cantonner quelquefois, et, pour se défendre dans ces mêmes monuments qu'ils avaient à moitié détruits, couronner l'ordre grec et toscan du créneau gothique. »
Bien sûr la maison du poète Horace à Tivoli, celui dont est restée célèbre le conseil « Carpe diem quam minimum credula postéro » va susciter une grande émotion chez l'écrivain aux lèvres de qui les vers non moins célèbres viennent :
« floribus et vino genium memorem brevis aevi. »
Pour terminer Chateaubriand nous conte son excursion au Mont Blanc par la vallée de Chamonix et la Mer de Glace. Fin observateur, Chateaubriand écrit « qu'il en est des monuments de la nature comme ceux de l'art : pour jouir de leur beauté, il faut être au véritable point de perspective ; autrement, les formes, les couleurs, les proportions, tout disparaît. »
Il apparaît que l'auteur n'est pas tombé amoureux de la montagne contrairement à Jean-Jacques Rousseau, montagne « séjour de la désolation et de la douleur » qui semble l'opprimer lui qui aime les grands espaces où le ciel est la toile de fond.
Une belle et culturelle lecture. Et à relire pour le plaisir du beau style.


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