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Critique de Niele


Tout commence par une classique enquête sur un tueur en série, sa touche personnelle : il pratique l'aigle de sang, un rituel viking consistant à clouer en croix les membres de sa victime, à ouvrir la cage thoracique, à déployer les côtes comme des ailes d'un aigle (ou plus vraisemblablement à l'origine, d'un corbeau). Nos enquêteurs ne tardent pas à identifier le meurtrier sans se douter qu'ils mettent les doigts dans un engrenage bien plus complexe. le contexte évoque bien le Ragnarök, la destinée finale des dieux, c'est ce qu'Erika, une jeune investigatrice suédoise du TPI (tribunal pénal international) chargée de l'enquête essaie de faire comprendre à ses collègues plutôt cartésiens, car enfin le destin se répète par-delà les siècles jusqu'à la nuit des temps.
Le Ragnarök, ce mythe incontournable de la mythologie scandinave, a été très pertinemment transposé à notre époque, dans un contexte moderne alliant le plan scientifique au plan spirituel. Mais ne nous réjouissons pas tout de suite, c'est l'unique point fort de ce roman. Tout au long de la lecture, j'ai été assez mitigée sur la manière dont il a été conduit car si l'histoire est bonne et bien pensée, sa mise en forme laisse vraiment à désirer.
Dès les premières pages, on attaque les scènes de meurtres sanglantes très gores : tortures, mutilations, viols, bras coupés et entrailles sanguinolentes apparaissent à tout bout de champ sans beaucoup de subtilité, presque gratuitement. On se demande quand cela va cesser cette surenchère de boyaux éparpillés. Cela ne produit pas l'effet escompté d'effroi mais plutôt un agacement car en fin de compte cela devient lourd, lassant et surtout inutile. le lecteur comprend très vite qu'on est en face de crimes atroces, pas besoin d'en rajouter !
Finalement le meurtrier est identifié assez vite, tout est donné sur un plateau, on ne connaît pas exactement tous les détails de l'enquête, pas de réflexion, pas de suspense ! Il faut vite passer à la suite, une suite où l'on voit défiler Petits Gris, extraterrestres, lucifériens, démons, morts, FBI, Air force, scientifiques, dieux, juifs, pentecôtistes…, cela part dans tous les sens dans un mélange de croyances qui pris une par une sont très cohérentes, mais brassées dans un même pot deviennent complètement indigestes.
L'auteur ne s'est vraisemblablement pas assez documenté sérieusement sur la religion scandinave et des dieux nordiques. Il n'existe pas d'enfer ni de paradis dans cette religion, la Valhalle (palais des morts braves) et Utgard (monde de l'extérieur, de ce qui est sombre car caché, oublié ou à naître) ne les symbolisent absolument pas. La notion de bien ou de mal est à remplacer par la justesse et la fausseté que l'on rencontre en tout être, même Loki n'est pas tout à fait mauvais.« Asgard et ses vibrations d'Amour absolu », (p 249), oui mais là on parle d'Odin qui possède un quidam pour ouvrir neuf cages thoraciques ! Encore une fois des notions catholiques sont collées sur l'asatru, si on connaît un peu cette religion, l'histoire devient boiteuse et incohérente. Je m'attarde sur ces exemples, car il me semble qu'ils forment les piliers de la trame et qu'il me paraît absurde de s'être si mal documenté sur les bases fondamentales de toute l'intrigue. Bien sur, il ne s'agit que d'une oeuvre fictive, mais quand on s'inspire de si près de sources mythologiques reconnues, il est préférable d'y adhérer au mieux.
Ce qui m'amène aux personnages qui pour la plupart sont des transpositions contemporaines des dieux protagonistes du Ragnarök. Tous plus ou moins stéréotypés, rustres à souhait, plus ou moins machos : un Balder italien et balafré (incarnant le dieu de la beauté), un Thor américain et asocial (le dieu protecteur des humains), complètement antipathique, un Loki à l'aspect de bouledogue dénué d'humour (le dieu du feu, surtout farceur), un Heimdall ressemblant à un cachalot aviné (le dieu du bifrost) quant aux déesses, elles ont disparu du tableau. J'y vois de la facilité car qui dit viking dit barbares incultes et mal dégrossis. le comportement de Shayes manque cruellement de cohérence, c'est un macho fini et plus ou moins raciste qui finalement sans que l'on comprenne pourquoi, ni comment, tombe dans les bras d'une agent noire du FBI qui finira chaman toungouses ! Ces détails n'apportent rien de plus et alourdissent encore l'ensemble.
J'ai décroché à partir de la moitié, la note a sérieusement dégringolé dans cette seconde partie, le déroulement quand même intéressant de l'enquête n'a pas relevé le niveau du capharnaüm New-âgeux spirituel.
Le style manque cruellement de finesse, de subtilité. J'ai eu hâte d'en finir ! Il ne faut pas prendre les amateurs de mythologie scandinave pour des wiccans, des illuminés, des sous-cultivés se contentant de tripes à l'air, de mec à gros muscles et de nanas à grosse poitrine.
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