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Critique de Cigale17


En 6 pages, la situation initiale est brossée. L'enfant, que nous connaîtrons bientôt sous le nom de Malou, raconte l'épiphanie qu'il a vécue pendant un de ses rêves. Devant la qualité du récit et la teneur du songe, les anciens pensent que cet enfant peut être un réliant, « un oracle des origines », trait d'union entre les hommes et les esprits, le premier de Paleval, ce village qui n'en a jamais eu. Pour en obtenir confirmation, le vieux Foladj l'accompagnera auprès des autorités compétentes, à Beniatia. « Ainsi commença le voyage du petit Malou et du vieux Foladj. Aventure qui ne bouleversa d'autres destins que les leurs, n'entraîna aucune guerre ou révolution, ne fut même pas exemple de sagesse ou de piété, pas plus que source d'embarras ou d'indignation. Aventure qui ne concerna que ces deux-là, fut pour eux d'un prix élevé, leur apporta une grâce qu'on ne trouve dans la plupart des âmes qu'en miettes et en souillures » nous annonce Christian Chavassieux en page 10 de son magnifique roman Je suis le rêve des autres, nous proposant ainsi une sorte de résumé-guide pour la lecture.
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Malou et Foladj savent qu'ils entreprennent un très long voyage qui, au mieux, devrait durer 9 ou 10 mois. Ils devront traverser des contrées où seul Foladj s'est déjà aventuré, ce qui justifie qu'il devienne l'accompagnateur de cet enfant possiblement promis à un extraordinaire destin. le vrai dépaysement, pour l'enfant et le lecteur (qui, comme moi, n'a pas encore lu La Nef de Pangée), commence peu après, à l'arrivée des voyageurs dans la première ville : des maisons incroyablement hautes, des machines inconnues, des gens entravés qui travaillent, des frères de terre tués, destinés à être mangés, et d'autres, des lanquedins, assez gigantesques pour que l'on voyage dans les huttes spacieuses construites sur leur dos. Un autre monde que je me refuse à détailler plus ! Très vite, on comprend que l'enfant et le vieil homme développent une relation faite de curiosité, d'admiration, de respect et de tendresse. Ils vont devenir complices, apprendre à se connaître et à s'apprécier, à s'aimer. L'enfant fait preuve d'un belle maturité pour ses 8 ans, et on pressent un être exceptionnel. Quant à Foladj, il a eu plusieurs vies. Une partie de son passé mouvementé a laissé dans son coeur regrets et remords, mais il a l'impression de s'être partiellement racheté plus tard, par son activisme et ses bonnes actions.
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J'ai retrouvé avec un grand plaisir dans ce beau récit ce qui me plaît tant chez Christian Chavassieux : le ton, le style, la poésie, le rythme, et aussi les trouvailles sémantiques… Ainsi, le vieil homme et l'enfant voyageront en lanquedin et en ezquide, leur destination est Beniatia, et il a existé une civilisation nommé Christosa. Je pourrais multiplier les exemples. Chacun des personnages est très fouillé et réserve des surprises, l'un et l'autre toujours magnifiés par l'écriture. Les réponses à la question vespérale rituelle de Foladj à Malou « Qu'as-tu appris aujourd'hui ? » ou les brèves conversations qui la suivent donnent souvent lieu à des aphorismes d'une grande profondeur parfois pleins d'un humour subtil et discret. En fait, on progresse dans le récit avec la lenteur propre à l'enfant et au vieil homme, et les découvertes, les splendeurs, les difficultés du voyage s'effacent devant la place laissée à l'introspection des deux héros. Comme l'annonce l'auteur au tout début, c'est l'apprentissage, la connaissance qu'ils développeront d'eux-mêmes qui fait la richesse de leur voyage, bien plus encore que les découvertes et les savoirs glanés au fil de leur périple. J'ai précommandé à la Fnac le prochain roman de Christian Chavassieux, Mon très cher cueilleur de roses, qui sort le 5 mai. C'est la première fois que je fais ça. Fan, je suis…
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