En lisant la quatrième de couverture, le synopsis imaginé par
Christian Chavassieux contient tous les éléments d'un voyage initiatique dans un univers imaginaire.
En effet, à la suite d'un rêve merveilleux, les membres du conseil du village sont convaincus que Malou, enfant de 7 ans, est appelé à devenir un "reliant", capable de recevoir en rêve les esprits, et de retranscrire dans le monde leur sagesse.
Foladj étant le seul membre du conseil à s'être déjà rendu à Beniata, il est désigné afin d'accompagner le jeune Malou dans son voyage. Malou doit se présenter au conseil des conseils afin qu'ils déterminent s'il est véritablement un reliant, et le cas échéant d'entamer sa formation.
Le lecteur accompagne les deux protagonistes dans leur voyage :
Le jeune Malou, qui voit le monde avec un regard neuf et quelque peu naïf, toujours en quête d'apprentissage, cherchant à faire de son mieux ;
et le vieux Foladj, dévoué "à son jeune maître", honoré qu'on lui ait confié cette tâche.
Je n'ai pas réussi à accrocher au personnage de Malou, qui m'a semblé peu crédible... Un comportement qui selon moi ne colle pas à un garçon de 7 ans (aussi exceptionnel soit-il).
Je pense que cette impression mitigée est également liée au côté spirituel de la quête (et du "reliant"). Comment adhérer à ce monde imaginaire (dans lequel on vénère des gosses qui racontent leurs rêves), alors que l'on a quasiment aucune information (pas beaucoup plus à la fin qu'au début d'ailleurs) ?
De même, au fur et à mesure du récit le lecteur entrevoit un lourd passé,
génocide du "vieux peuple" , mais l'auteur ne s'embarrasse pas d'explications, il n'y a qu'une toile de fond tendue, un décors propice aux réflexions contemplatives des personnages.
J'ai davantage apprécié le personnage de Foladj qui porte le récit par ses paradoxes :
Il sert "son maître", pour autant il est le "vieux", le "sage expérimenté".
Il est pour Malou un guide, mais porte en lui un lourd passé
de guerrier impitoyable, mercenaire, puis de protecteur du vieux peuple, et de défenseur de leurs coutumes et de leur mémoire .
On le croit désintéressé, mais ne l'est pas tant
ce voyage, qui est pour lui le dernier, est une quête vers la rédemption.
L'on ressent que l'objectif de l'auteur n'est pas tant de développer un univers, mais de s'attarder sur le lien être Foladj et Malou, le passé et le futur, avec un message :
l'espoir.
Ce message est limpide dans les dernières phrases du livre : Foladj peut partir l'esprit apaisé, Malou a trouvé sa voix. Il ne sera pas un reliant, mieux (aux yeux de Foladj) : il sera un veilleur, un protecteur de l'ancien peuple et de sa mémoire.
Les hommes sont libres de leurs choix.
La fin du roman véhicule un espoir : l'espoir que les hommes, à l'avenir, choisissent d'agir en bien. Malou s'engouffre dans un chemin, celui pour lequel il a fallu à Foladj une vie entière de repentance pour le trouver.
En conclusion, la lecture n'est pas désagréable mais sonne creuse. Je n'ai probablement pas été assez dans l'émotion pour accrocher aux personnages. J'ai trouvé le roman trop contemplatif. La fin a ce côté agaçant qu'ont les bons sentiments, quand ils sont simplificateurs, j'ai cette impression de "tout ça pour ça?" Et "facile à dire".