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Critique de FreiheitDR


J'ai encore un peu de mal à parler de ce roman. C'est le premier Sarbacane que je lis en LC, accompagnée par une partie des autres partenaires, et c'était bien chouette de pouvoir partager nos sentiments face à notre lecture, mais aussi nos expériences. C'est également le premier roman que je lis qui propose un personnage atteint de trisomie 21 et auquel on donne la parole. Parole qui se décline aussi avec deux autres personnages : le frère Harold et la soeur Velma. Trois points de vue qui se complètent et qui m'ont serré le coeur.

Comme le dit si bien le titre, Annie est au milieu. Annie est omniprésente, presque étouffante. Harold et Velma ont les rôles secondaires dans leur propre famille, dans leur propre vie. Et ça a été très dur pour moi, de lire ça. On comprend totalement qu'un enfant tel que Annie va avoir besoin d'un double d'attention et que les parents ne peuvent pas non plus se diviser en 150. Pour autant, ça m'a formé une angoisse au fond de l'estomac qui ne m'a plus quitté. La force mentale qu'il faut pour mettre sa vie entre parenthèse pour s'occuper de quelqu'un, c'est clairement pas pour moi. Aussi, j'en voulais aux parents d'avoir fait certains choix, j'en voulais aux enfants de ne pas s'imposer davantage. Et j'étais partagée aussi en me disant que personne n'avait réellement choisi tout ça et qu'il fallait bien s'en accommoder. Mais je n'arrêtais pas de me dire « et si tu étais dans cette situation, tu ferais quoi ? Si tu étais mère, comment tu gèrerais ? »

Je n'ai pas réussi à me sentir proche des personnages car ils sont l'exact opposé de ma propre personnalité et pourtant, j'avais énormément d'affection pour eux. Tous éteints, résignés, comme condamnés, au sein de cette famille qui se déchirait de façon totalement silencieuse. Il n'y a finalement que la mamie qui soit pétillante, ainsi que la tante Del. Deux personnages que j'aurais aimé voir davantage parce qu'ils apportaient de la chaleur et de l'apaisement au sein de ce roman très étouffant pour moi. Très clairement, l'autrice a fait un travail considérable avec cette histoire, parce qu'on ressent vraiment ce que c'est que la vie avec une personne trisomique au sein d'une famille, l'ampleur que cela demande. C'est pourquoi je pense que ça dégage des émotions très distinctes chez chaque lecteur, en fonction de son empathie, son âge, sa situation familiale, sa vision de la vie, ses projets, ses rêves etc.. Pour moi, une vie comme celles des personnages n'est pas envisageable, en particulier à la place de la maman qui a tout arrêté pour s'occuper de sa fille. Aussi, cette histoire m'a mis face à de nombreuses craintes. Et chapeau à l'autrice pour avoir réussi ce défi, pour avoir permis aux lecteurs de ressentir tout ce panel d'émotion.

La fin du roman est très cool, plus colorée et positive à mes yeux. Il manque cependant des réponses à certaines questions. On tire l'histoire vers le haut, vers une possible fin heureuse pour Harold et Velma, pour une possible place premium dans leur famille. Ce roman est criant de réalisme. Il dépeint l'exemple typique d'enfants qui ont dû s'élever seuls, qui ont été plus vite autonomes par la force des choses. Des enfants qui, selon moi, vivent leur propre vie comme s'ils en étaient les personnages secondaires. Leurs points de vue sont les plus tristes à mes yeux, car ils sont parfaitement conscients de cela tout en voyant un véritable impact sur leur vie. Mais ils gardent l'espoir que leurs parents finissent malgré tout par donner une certaine importance à leur existence. On voit à travers eux la lucidité de la maman, qui rêvait d'autre chose mais qui a presque honte de l'admettre, le largage du papa qui semble avoir renoncé à tout… Et puis les vérités qu'ils peuvent balancer de temps en temps, petite pique pour rappeler qu'ils existent et qu'ils ne sont pas dupes.

Les points de vue de Annie sont ceux que j'ai trouvé les plus colorés, les plus vivants et, finalement, les plus agréables. On sent que l'autrice connaît son sujet, qu'elle s'est renseignée. D'après plusieurs lecteurs qui sont plus au point que moi sur la trisomie 21, Annie est très bien représentée. Elle est sensible, elle comprend ce qui l'entoure sans pouvoir pour autant mettre des mots sur toutes les situations. Bien évidemment, elle ne peut pas se rendre compte de tout, mais voir le monde à travers ses yeux était super intéressant. Tout paraît si simple, si facile. Elle aime le monde de façon pure et elle est très attachante. Comme tous les personnages, en soi. On a envie de les prendre dans nos bras, de les embrasser et de leur dire qu'ils sont beaux, essentiels, qu'ils comptent et compteront toujours.

Bien évidemment, ceci est mon point de vue. Pour avoir discuté avec d'autres lecteurs, rares sont ceux qui se sont focalisés sur ces éléments, qui ont ressenti cette angoisse. Beaucoup y ont vu de la positivité, de l'amour, de l'humour, de la couleur. Comme je le dis plus haut, j'imagine que cela dépend de chaque lecteur. Je suis donc très curieuse de savoir comment vous avez ressenti cette lecture, et il me tarde qu'il sorte en librairie pour lire tous vos avis !
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