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Critique de Osmanthe


Cette histoire aux airs de légende nous emmène chevaucher de nos jours dans les grands espaces du nord-ouest de la Chine.

Dans ce rude environnement de la steppe, où vit sous la yourte, au milieu des boeufs et des moutons une communauté nomade, nous suivons le jeune Baiyinbaolige, dans ses rêves d'émancipation, son amour tourmenté et contrarié pour son amie d'enfance Somia, sa quête de lui-même et son amour pour son cheval, à la beauté inégalée, Ganga-Hala.

Car à l'âge de 13 ans (le même que Somia), sa grand-mère lui fait don d'un magnifique poulain. L'écoutant chanter la légende d'un garçon cavalant sur son beau cheval noir Ganga-Hala dans la steppe à la recherche, vaine, de sa soeur, il le baptise de ce nom. Mais malgré les promesses déjà scellées entre lui et Somia, Baiyinbaolige ne résiste pas à l'appel de la ville, de la civilisation moderne, et de son ambition : il laisse ses proches pour aller étudier les techniques d'élevage, puis devenir vétérinaire.

Quand il revient à 15 ans, le trouble s'installe entre les deux jeunes, les corps changent…le garçon hésite, devient taciturne, lisant, sa priorité semble d'approfondir ses études…il saisit une opportunité de stage de six mois en ville pour devenir un véritable expert, apprendre les techniques vétérinaires modernes au lieu de l'espèce de magie noire des ancêtres...Il part à nouveau…Mais quand il revient à 18 ans, instruit et fort, prêt à fonder une famille et à conquérir Somia, il n'a pas mesuré les conséquences de son retard à rentrer...8 mois au lieu de 6...Somia est tombée enceinte de Hila, l'homme aux cheveux jaunes, une brute épaisse et alcoolique qui a profité d'elle, mais qui au moins lui aura donné l'enfant qu'elle et la grand-mère espéraient.

Baiyinbaolige est furieux, au point de malmener Somia. Se sentant indigne et comme un étranger, il ne peut que repartir arpenter la steppe, anéanti, sur son beau cheval noir…

A 27 ans, après avoir appris que la grand-mère est morte, et que Somia est mariée, il arrive au village de Baiyinoula où elle vit désormais avec son mari Dawachang et sa petite fille Gigige…Le temps a passé...

Cette histoire est comme une épopée sans fin, une légende éternelle propagée à travers les générations de ce peuple des grandes étendues de la steppe sino-mongole.

Ce récit est superbement écrit. Les héros sont attachants. Lui, Baiyinbaolige, est tiraillé entre des désirs contradictoires qui le paralysent, sa vie moderne à l'Institut d'Agriculture et son amour toujours vivace mais impossible pour Somia. Elle, femme digne et courageuse, modeste, qui trouve peu à peu sa place dans l'école où elle travaille désormais...

L'auteur nous plonge dans une ambiance d'une poésie extraordinaire, qui magnifie l'amour, les amours, éternelles et maudites, les regrets, mais aussi la joie, les grands espaces (c'est un véritable cri d'amour à la steppe !), même si le cheval est finalement plus un fil conducteur, un lien entre les héros et un symbole de la steppe que la figure centrale du récit. Entre émotion et sagesse, cette histoire est absolument magnifique.

Une littérature rare, donc précieuse, à la découverte de territoires et minorités chinoises méconnus !
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