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Critique de Franz


Les débuts d'un bon Aryen.
A peine édité, déjà indisponible, le 1er tome d'une intégrale Rahan en noir & blanc à paraître en 10 volumes aux éditions Soleil est en passe de devenir un objet de collection alors que l'esprit des créateurs de la série, Roger Lécureux et André Chéret, était à l'origine ouvert au plus grand nombre. La bande dessinée, en 1969, quand Rahan est né, était populaire et accessible. Pauvre du lumpenprolétariat, il était encore possible d'arriver à grappiller les centimes nécessaires à l'achat de Pif gadget et si ce n'était pas le cas, de troquer, d'échanger, de marchander afin de constituer des collections d'illustrés à bon marché, de Blek le Roc à Cap'tain Swing, d'Akim à Tarzan, de Mandrake à l'Ombre qui marche. Aujourd'hui, il faut débourser en conséquence pour retrouver les odeurs d'imprimerie de l'enfance et surtout les qualités d'impression incomparables d'antan sur un papier granuleux d'époque. La nostalgie se monnaye et le plaisir se frelate alors que la surenchère d'images de synthèse bien lissées bat son plein. Bien sûr, il peut être difficile d'apprécier le propos quand Rahan tue à bras raccourci les fauves et tous les animaux menaçants, crocodile, serpent, sanglier, etc. La protection de la grande faune n'était pas à l'ordre du jour et il était encore moins question de la 6e extinction animale de masse programmée. Seul le message de fraternité, de justice et de tolérance était essentiel. le premier récit complet de 20 pages qui ouvre le recueil s'intitule « le secret du soleil ». Rahan est en Australie avec ses kangourous et ses boomerangs. Il poursuit le soleil afin de dénicher son repaire. Heureusement, la métaphore d'une course en pirogues autour d'une île met la puce à l'oreille au fils des âges farouches. Rahan a l'intuition que les sphères gravitent dans l'espace ou du moins que la Terre est ronde. C'est osé mais ça passe. le lecteur opine du chef à la trouvaille du scénariste. le dessin un peu amidonné des débuts de Chéret s'assouplit rapidement au fil des épisodes. Déjà le 4e récit, « le tombeau liquide », montre un dessinateur en phase avec son personnage et le bestiaire de la préhistoire. Rahan acquiert ses traits définitifs. Les histoires s'enchaînent et le plaisir de la redécouverte est constant. Des bonheurs graphiques, des astuces scénaristiques agrémentent sans cesse le parcours jubilatoire du lecteur conquis à vie. Certains dessins sont des merveilles. Il est difficile de mettre en avant une histoire plutôt qu'une autre. Peut-être que celle du « Petit d'homme » est la plus séduisante quand Rahan recueille un bambin fugueur à quatre pattes et fait la nounou ? Alors qu'il épargne Baghaé la panthère, en apercevant ses petits, Rahan se trouve récompensé par l'animal plus tard. Celui-ci s'étonnera : « Les bêtes seraient-elles plus loyales, plus reconnaissantes que ‘Ceux qui marchent debout' ? » Les enfants savent souvent attendrir les coeurs solitaires des chasseurs les plus endurcis. Rahan reprendra vite ses habitudes ensuite et le coutelas d'ivoire sèmera la mort à nouveau. Dire que les auteurs ont produit 170 épisodes pour un total d'environ 3 500 planches ! Il fallait bûcher pour croûter mais le résultat est bien là. Rahan est une somme et le psychanalyste peut déjà fourbir ses armes car le personnage est un cas.
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