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09 janvier 2012
Le livre de François Chesnais permet un approfondissement des analyses de la crise et la poursuite de la réflexion autour des dettes illégitimes.

La première partie de son livre est centrée sur « le pouvoir de la finance, ses assises et formes organisationnelles actuelles ». L'auteur décrit les politiques institutionnelles qui ont rendu le pouvoir aux conglomérats bancaires et plus généralement ont permis à la finance de renforcer son rôle, puis d'affirmer sa domination dans le système capitaliste actuel.
Puis l'auteur analyse les rapports entre « Crise de la dette européenne et crise mondiale », et en particulier les limites, « le cul de sac », de la croissance par l'endettement. Il souligne, ce qui est plus rare, l'endettement des banques et ce qui est nommé, faute d'être visible sur la place publique ‘shadow banking‘.

Le niveau des dettes connaît un accroissement « sous le double effet de la récession et du sauvetage des banques », dans le cadre maintenu d'une baisse de la fiscalité pour les possédants et les entreprises. L'auteur rappelle le rôle de la spéculation et des crédits immobiliers, celui de la ‘libre création monétaire‘ des établissements financiers et les politiques de taux des organismes indépendants tels la Banque Centrale Européenne (BCE).

La troisième partie est réservée à la question « Des dettes publiques illégitimes »

« L'injonction de payer la dette repose implicitement sur l'idée que des sommes, fruit d'une épargne patiemment constituée au cour d'une vie de dur labeur, auraient été prêtées. Cela est peut-être le cas des fonds de pension. Ce n'est pas celui des banques ou des Hedge funds. »

Et l'auteur donne de multiples arguments sur le caractère illégitimes des dettes.

A souligner le cas de la Grèce, dont la dette a d'abord été contractée par la dictature des colonels puis par les gouvernements suivants pour organiser, entre autres, une corruption de grande ampleur, sans oublier le trucage des chiffres par l'ancien premier ministre Karamanlis, (non poursuivi par l'actuel gouvernement de Papandréou), les coûts liés à la tenue des Jeux olympiques de 2004 et surtout aux achats d'armes à la France et à l'Allemagne. La question de l'illégitimité est donc bien posée. le caractère odieux de la dette aussi.

Pour le cas de la France l'auteur souligne trois mécanismes sources d'illégitimité : « des dépenses élevées ayant le caractère de cadeaux faits au capital ; un niveau bas de la fiscalité directe (impôts sur le revenu, le capital et le profit des entreprises) et sa très faible progressivité ; une évasion fiscale importante. »
Nous sommes ici loin « de la dictature des marchés » mais bien d'une « profonde complicité des gouvernements avec la finance ». L'auteur revient sur le traité constitutionnel, la BCE et les politiques volontaristes des gouvernements, non pour régler les questions de la dette mais pour la faire payer à celles et ceux qui n'en sont aucunement responsables, au prix d'une stagnation (voire d'une récession) économique, de déficits encore plus importants et d'un creusement de cette dette à terme. L'exemple de la Grèce est bien là sous nos yeux pour les plus incrédules !

Se posent donc les politiques à mener pour annuler ces dettes odieuses et illégitimes.

François Chesnais indique la position du Comité pour l'annulation de la dette du tiers monde (CADTM) : « la campagne de dénonciation de la dette peut se faire sous le mot d'ordre du moratoire unilatéral sur le paiement de la dette, sans accumulation d'intérêts de retard, et s'accompagner d'un audit des emprunts publics. L'audit a pour but d'identifier les facteurs qui permettent de caractériser la dette comme illégitime, ainsi que ceux qui justifient ou même qui exigent néanmoins le remboursement d'une fraction de la dette à certains créanciers » et il ajoute qu'en France « (l'audit) permettrait de documenter jusque dans les détails le processus historique qui a contribué à chaque fois à la formation et à l'accroissement de la dette et d'identifier les créanciers qui pourraient être légitiment payés. »

Une citation du comité grec contre la dette s'impose : « en ouvrant et auditant ces livres, le mouvement citoyen ose l'impensable : il pénètre dans la zone interdite, dans le saint des saints du système capitaliste, là où, par définition, n'est toléré aucun intrus ! » et c'est bien un levier d'action démocratique, un des « leviers capables de créer les conditions d'une transition économique et sociale ».
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