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Critique de Syl


Syl
14 janvier 2023
A travers cinq chapitres de son roman, cinq tableaux de la peintre Mary Cassatt de 1878 à 1881, l'auteur s'imagine être auprès des deux soeurs, Mary et Lydia, et confie sa plume à cette dernière, qui fut l'un des modèles de Mary.
Mary et Lydia sont nées en Amérique en Pennsylvanie, mais d'origine française par leur mère, elles font de fréquents séjours en France et s'installent définitivement à Paris en 1873 où Mary essaie d'exposer certaines de ses oeuvres au Salon de Paris. Elle y rencontrera Edgard Degas, un maître et un ami, mais aussi tout le groupe des impressionnistes de l'époque.

De septembre 1878 à juin 1881, Paris, IXe arrondissement, avenue de Trudaine...
Mary a trente-quatre ans et Lydia en a sept de plus. Mary est lumineuse, exaltée et happée par sa peinture. Lydia, plus réservée et incline à l'introspection, souffre d'une grave maladie qui la fera mourir à la fin de l'année 1882. Comme elle l'expliquera dans les dernières pages, Lydia se place souvent "hors champ" pour se livrer à ce qu'elle aime le plus faire, analyser ses lectures, observer la vie qui l'entoure et retrouver les souvenirs de sa jeunesse.
Pour  "Femme lisant", elle pose de profil avec un journal entre les mains, donnant ainsi une certaine modernité au sujet et une dynamique féministe. La lecture, l'angle du bras, la tenue, tout est travaillé. Elle détaille Mary entrain de la peindre. Elle la trouve libre, spontanée, enjouée, hardie, perfectionniste et admire sa dextérité, son talent. Ses pensées la tirent vers ses dernières lectures, Madame Bovary de Flaubert et Persuasion de Jane Austen. Elle revoit les jeunes hommes, beaux et rieurs, de son enfance, des amis et des cousins fauchés par la guerre de Sécession. Et ses souvenirs la ramènent à des moments plus heureux avec Thomas, lui aussi parti.
Elle aime les couleurs et elle en définit souvent leurs teintes, presque comme une artiste ; le vert profond d'un lac, un bleu somptueux, un bleu roi, un gris verdâtre, un rose lumineux, un beige rosé, un jaune de soie, un rouge d'ombre... Elle pose avec beaucoup de patience et d'amour pour sa soeur qui lui dit souvent qu'elle est belle, alors qu'elle se sent honteuse d'être malade, que ses faiblesses sont aussi bien physiques que psychologiques, qu'elle aimerait s'enfermer à l'intérieur d'elle même ou se réfugier sous un édredon à l'abri de la lumière, des bruits et de la vie entière. 
Monsieur Degas passe régulièrement. Elle trouve du charme à sa rusticité. Et lui, gentil, attentif, l'oeil expert, se soucie de l'une et de l'autre.
Les jours, les saisons passent, les tableaux s'enchaînent, elle aime voir des enfants, elle parle du monde de l'art, de la littérature, elle a mal de plus en plus dans un flux et reflux, elle pose dans une voiture, dans un jardin, avec une tasse de thé, avec sa broderie, elle s'inquiète pour sa soeur, elle lui écrit un long mot pour plus tard, elle se perd chastement à songer à l'amour...

Je vous recommande ce beau roman, une fiction, qui raconte l'amour de deux soeurs, l'une qui veut partager à tout prix la lumière avec l'autre...
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