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Critique de michfred


Il y a les histoires qu'on raconte, tout ourlées  de fil blanc, tissées serré,  rebrodées d'images et avec une fin finement ouvragée, une fin qu'on a senti venir de loin et qui s'esquisse dès les premières lignes, avec ce petit fil d'or qui en surligne finement les occurrences et en prépare l'apothéose.

On appelle ça une chute.

La Chute, c'est l'Aboutissement de l'Histoire:  elle en éclaire le sens, en délivre l'énigme au lecteur reconnaissant, comme un bonbon à l'enfant sage, comme un bon point au bon élève.

Et puis il y a des histoires comme celle des Mauvaises.

Des histoires  tues, des histoires muettes, des histoires sans nom, des histoires sans mots. Des qu'on enterre, des qu'on oublie.

Des qui restent en suspens.

Suspendues à un fil, comme la pauvre Roberto, petite coiffeuse aux mains ravagées par les produits capillaires, petite funambule en robe orange,  privée de fil, petite-fille abusée, désabusée d'affection, petite enfant abandonnée par une maman éphémère.

Il y a des histoires qui pianotent, en avant,  en arrière,  sur le clavier du 11 août 1988, comme une mélodie qui se cherche, cherche son début, sa fin.

Cherche ses points d'accroche: Ouafa, Oé, Fortuna, les amis aux solitudes jumelles... Ses points d'anicroche: Bébé, pervers pépère, Natacha que rien n'attacha....

Sa chute.
 
Mais non: pas de chute quand on n'arrive pas à  coudre ensemble les pièces de l'histoire.

Reste un patchwork impressio-triste, un concerto en corde mineur, un poème pour fille seule.

Reste une ode à  toutes les solitudes sans mots, à  toutes les histoires sans chute et qui n'en finissent pas de tomber, pourtant, comme les pétales et les feuilles dans l'eau noire des lacs volcaniques, ou sur la terre âpre où les animaux, les enfants fous, les misérables et les Mauvaises n'en finissent pas de crier leur plainte sans paroles.

Les mauvaises histoires font des livres inoubliables, sous la plume enchantée de Severine Chevalier.

Merci à toi, Ziliz, patiente découvreuse de trésors silencieux!
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