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Critique de le_Bison


« La belle écriture » est celle d'Isabel qui se livre dans son journal intime avec de belles lettres aux boucles arrondies, tout en douceur, tout en féminité, tout en bourgeoisie anglaise.

Dans un village ensoleillé du sud-est de l'Espagne, Anna raconte à son fils l'histoire de sa famille. Juste pour laisser une trace avant de mourir, juste pour rétablir certaines vérités sur ses choix, ses secrets, ses pensées. La vie d'une famille qui débute à la fin de la guerre civile, au milieu des fusillés, des disparus et des mères errantes de village en village à la recherche de leurs maris ou de leurs fils.

Elle parle doucement de sa vie de misère, de son existence faite de peur et de tristesse, de son mari pour qui elle avait de l'affectation avant d'éprouver des regrets, de son beau-frère Antonio pour lequel elle éprouve une passion commune inavouée mais aussi la crainte de ressentir ces émotions inavouables qu'elle souhaiterait effacer de son esprit, de sa belle-soeur, aux courbes lettrines si belles, mais aux sentiments partagés entre admiration et jalousie. Autant tout raconter avant que le soleil de sa vie ne sombre dans l'océan de la nuit.

Alors qu'elle se demande si Antonio est mort, s'il est en fuite, ou s'il est emprisonné avant de faire partie d'un lot de fusillés, la vie de misère s'installe après-guerre dans ce petit village. Castristes ou phalangistes, mon oeil non expert aurait tendance à s'y perdre dans cette période obscure de la politique espagnole. Je vois juste ces hommes fusillés sur des places publiques, parce qu'ils sont déclarés un peu trop rouges, parce qu'ils n'appartiennent pas au camp des franquistes. Et comme cette Histoire m'est totalement méconnue, ma passion à ressentir ces vies a rendu la lecture plus difficile malgré la belle plume de l'auteur, Rafael Chirbes. A-t-il lui aussi une écriture arrondie sans sa machine à écrire ? Une belle écriture, je n'en doute pas, qui a certainement puisé dans son patrimoine familial quelques scènes nostalgiques d'une époque révolue, celle où les senteurs de genévriers venaient parfumer les déjeuners dominicaux autour d'une grande table ensoleillée.

Mais ne faut-il pas avoir justement des racines espagnoles pour apprécier à sa juste valeur « la belle écriture », les rêves et douleurs d'une voix qui témoignent, en demandant presque pardon, de ce que fut sa vie sous l'ère de Franco.

« La Belle Écriture », l'odeur âpre des fleurs de figuier, le bruit sourd des exécutions.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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