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Critique de AmandineMM


Ma révélation, « mon » chef-d'oeuvre, mon trésor, l'oeuvre qui m'a marquée à tout jamais et dont aucune autre n'a pu prendre la place dans mon estime littéraire. Chaque lecture est pour moi une nouvelle découverte, un nouvel enchantement, et suscite une admiration toujours grandissante de ma part. Même en connaissant chaque détail de l'intrigue et de son déroulement, c'est toujours un véritable plaisir de relire cette oeuvre. Je considère ce roman comme le meilleur roman épistolaire que j'aie lu, et certainement le meilleur de la littérature française : Laclos joue extrêmement habilement des possibilités de ce genre et les exploite toutes au mieux et au meilleur moment. Un même évènement, raconté par différents personnages ou par un même personnage à différents destinataires, prend un sens tout à fait différent selon les lettres, ce qui dévoile très bien la psychologie de chacun. Ces lettres ne sont pas seulement lues par leurs destinataires, mais interceptées ou volées par d'autres : elles ne se contentent donc pas d'être des récits des évènements, mais participent de ceux-ci et en sont le moteur. Cette fonction les rend plus vraisemblables, de même que le style particulier à chaque personnage lorsqu'il écrit : on peut reconnaître le destinateur, et même le destinataire pour certaines, de chaque missive, rien qu'avec le ton et la façon de la rédiger. Cécile de Volanges a un style enfantin, qui ne sait pas mentir et dit tout ce qu'elle pense, peu importe à qui elle écrit, ce qui lui est souvent reproché. Il en est de même de Danceny, bien que, plus habitué à la société, il feigne mieux que sa jeune amante. La Présidente de Tourvel respecte les convenances, mais n'est guère de taille face à un libertin comme Valmont. Les lettres de celui-ci à la présidente sont d'ailleurs de véritables chefs-d'oeuvre par les nombreux doubles sens qu'on y trouve et dont la lettre écrite sur le dos de la prostituée Emilie est un parfait exemple : il ne ment jamais véritablement, mais sait jouer du langage et de ses ambigüités. Ses échanges avec la marquise de Merteuil sont plus sincères, par leurs confidences et projets réciproques. Enfin, que dire du style de la Marquise ? C'est sans doute celle qui maîtrise le mieux l'art épistolaire et qui connaît le mieux l'âme humaine. Même si elle montre un peu de faiblesse et de jalousie dans la 4e partie, elle observe tout et est comme la marionnettiste qui tient les ficelles et décide du déroulement du jeu. Certains ont pu trouver des lenteurs à ce jeu, mais c'est justement parce que le roman suit le rythme des personnages : au début, Valmont s'amuse de son nouveau projet et des « lenteurs », Danceny et Cécile découvrent l'amour et s'arrêtent à chaque pas pour jouir de ce sentiment nouveau pour eux ; par la suite, les choses s'accélèrent jusqu'à dégénérer à la fin (cf. les « faiblesses » de la marquise et les emportements De Valmont) : les deux jeunes amants ont été séparés et ne brûlent que de se retrouver au plus vite, tandis que le libertin se lasse de sa lente séduction et souhaite se venger de la fuite de sa Belle. Personnellement, je considère cela comme un vrai coup de maître de la part De Laclos : comme dans la guerre qu'il a pratiqué, après le temps de la stratégie, vient celui de la bataille (et des morts). A propos de la fin, je la trouve particulièrement réussie par la diversité des sorts des personnages et par son aspect nuancé : ce n'est clairement pas une fin manichéenne avec les gentils vainqueurs et les méchants punis. Personne n'est gagnant et tous ont été atteints d'une manière ou d'une autre.
Bref, un véritable chef-d'oeuvre qui fut et reste ma « révélation » littéraire.
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