AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LoupAlunettes


Une 1ère de couverture ouverte, un garçon et une fille qui se tournent le dos, lovés en position du foetus, pianotant dans leur propre espace.

Nous avons envie de croire qu'ils sont en recherche de jolies "présences" favorables sur le net. Amicales ou amoureuses, qui peut dire?
Et pourquoi ne se rencontreraient-ils pas?



"Connexion immédiate".

Nous mettons de côté la dimension multimédia et y lisons, entre les lignes, "coup de foudre", bien entendu.


Dans la réalité du roman, cela ne se passera pas aussi rapidement.

Penny fait sa rentrée en 1ère année universitaire, grignote un peu à petits coups de dents le cordon ombilical avec son adorable et exubérante maman "copine" (de façon salvatrice, selon elle). Elle met aussi de la distance avec Mark, son gentil copain qui semble commencer à l'indisposer également.


Elle est d'une nature responsable, son discours est souvent caustique pour son âge et même drôle (dans le secret de ses pensées) concernant les gens qui l'entourent.

Ses mots sont moins aiguisés toutefois que la "Fourmi Rouge" de Emilie Chazerand.

Les amies "gloss", "potins" et "babioles clinquantes", c'est juste très peu pour elle.

Ses origines coréennes sont un charme qu'elle partage avec l'auteure.

Ses nouvelles colocataires trop décomplexées pour elle auront l'avantage de lui présenter Sam.


Sam se partage les chapitres du livre avec Penny et nous allons de l'un à l'autre.

Sam, personnage jeune adulte un brin désabusé mais détenant un second degré rafraichissant pour nous et surtout...pour Penny.

En attendant de saisir les rênes d'une vie pleine de promesses, Sam se tient derrière le comptoir d'une sorte de "Starbuck".

Encore en deuil de sa relation amoureuse avec Lorraine, esprit libre, cette dernière revient vers lui...pour lui apprendre qu'il sera papa.

La tuile.



Bien entendu, nous lecteurs, nous levons un sourcil de perplexité.

C'est un sacré caillou dans la chaussure pour Sam si l'auteure projetait de les jeter dans les bras l'un de l'autre, Sam et Penny, dans la vraie vie du livre un jour donné.


Nous avons entre les mains un roman ado' "Chick Lit" qui peut tout promettre, le pire comme le meilleur (et les âmes sensibles devant une amour déja avortée et impossible feront le plein de carton de kleenex avant de s'y replonger).


Suite à une mésaventure, Penny et Sam vont se trouver à correspondre par SMS.

Souvent.

Elle, soucieuse de sa santé (vous comprendrez) et lui, soucieux de partager sur ses idées de films documentaires, un intérêt abandonné puis rattrapé à bras le corps grâce à l'intérêt de Penny.


Penny nous amuse de ses réponses brèves en SMS qui peuvent dénoter une politesse imposée par l'éducation, les chapitres qui lui sont accordés nous révèlent bien entendu l'envers du décor.

Dans la vraie vie du roman, ses réponses au public sont concises, directes et elle dit ce qu'elle pense.

Cet aspect du personnage apporte une assurance sur l'intérêt sincère qu'elle porte et a d'ailleurs déclaré à Sam de visu, les discours SMS parfois sujets à l'erreur d'interprétation, absent de contexte intime inné.


Le petit monde intérieur de Penny, ce lac tranquille, est en feu.

Pour preuve, ses joues empourprées de sa propre audace et de ses désirs naissants qui tirent sur les rênes de son contrôle permanent d'auto correction.

Penny n'est pas une bêcheuse, elle est une jeune personne prudente, l'histoire personnelle de sa mère lui intime de l'être.


Penny et Sam ont des intérêts communs mais sont très différents.


Sam exprime d'avantage sur le mode SMS et y montre plus clairement ses besoins en tout cas.

Dans la réalité du roman, il se montre plus léger et dilettante, une philosophie inspirée également par sa propre mère et leur vie de caravane.

Brandi Rose.

Nous sourions de cette mère qui sait saisir à sa façon les opportunités que la vie lui propose.



Sam traîne habituellement et métaphoriquement ses guêtres (sauf sur les dossiers "Lorraine" et "Bébé en vue"), par manque de moyens financiers, par manque de bons choix dans sa vie amoureuse aussi.

Les dialogues SMS sont naturellement déséquilibrés mais Penny n'oublie jamais de répondre, même si cela se résume à des réponses laconiques.

On ne se leurre pas là-dessus, elle est vraiment accro.


Et pour Sam?

Avec Jude accroché à lui comme un bébé koala, sa nièce imposée par alliance, pièce rapportée qui a joué des coudes pour garder sa place dans le quotidien de Sam avec le temps et après la rupture (pauvre Brandi Rose), colocataire de Penny, s'est-il trouvé finalement avec Penny la petite soeur idéale?


Sam et Penny se livreront plus librement par SMS qu'ils ne l'auraient fait avec les autres et cela va parfaitement de concert avec les confidences faites aux lecteurs.

Mary H. K. Choi restitue assez bien les attentes des réponses SMS, des dialogues virtuels et la place incontrôlable des sentiments qui s'y glissent malgré soi.



Penny développe son dialogue progressivement comme une relation et elle est bien consciente qu'elle devra investir plus généreusement pour ne pas lasser son lecteur ou faire fuir son poisson.
Il y a là une vraie vie, dehors (dans le livre), dont Penny souhaiterait faire parti avec Sam le cas échéant et nous comprenons qu'il n'est pas aisé de faire coïncider les deux réalités pour rester dans l'authentique.


Tout du long, Mary H. K. Choi réservera le ton le plus intime et très décomplexé pour les confidences livrées aux lecteurs, mettant en évidence plusieurs philtres accordés à la société pour la parole libérées des personnages.

Les pensées de Sam et Penny sont pour nous un livre ouvert et nous comprenons leur point de vue face à la relation, l'avenir professionnel et au sexe ( sur cette génération).

Cet ensemble nous les rendent encore plus familier et intime.


"Connexion immédiate" est un pavé de 455 p. qui se parcourt heureusement très facilement, la psychologie des personnages est assez bien vue et nous ne tombons jamais dans la caricature.

C'est fin, drôle, intéressant et en exprime beaucoup plus long qu'il n'y parait dans sa dimension romantique.

À découvrir.


Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}