AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de le_Bison


En ouvrant la porte de chez moi,
J'ai vu sept yeux de chats briller dans le noir.
Je n'ai que trois chats,
Un blanc, un noir et un tacheté.
Je n'ai pas osé allumer la lumière.

Voilà pour l'ambiance, première page addictive. Je ferme les volets, laisse le feu de cheminée s'enflammer. Dehors, des vents violents, une neige lourde et mouillée tombe presque à l'horizontale. le blizzard coréen se déchaîne. En plus pas de réseau, le genre de zone blanche perdue au milieu de la forêt et où les fantômes peuvent surgir de chaque ombre pour vous entailler la jugulaire. Six personnes sont enfermées dans un chalet, le sang dégouline en silence, les victimes s'enchaînent au rythme des bourrasques du blizzard... Je me réveille en sursaut, le corps en sueur, avec ce sentiment de puer la peur - ou la mort. Tiens ? ça goûte quel parfum, la mort ? La fer sanguin, la chair en putréfaction... Je m'asperge le visage d'eau glacée, je dois reprendre mes esprits. Une musique. Je l'entends au fond d'une cave ou au tréfonds de moi-même, cet air lancinant qui me chatouille l'esprit, la Jeune Fille et la Mort, de Schubert ou de Munch. Tu as vu le film de Polanski ? Une histoire de vengeance. Sombre et entêtant, je m'emporte dans l'obscurité de mes pensées. Il y fait noir, comme plongé dans un puits sans fond. J'y erre, dans ces obscures pensées, un coup à gauche, un coup à droite, guidé tantôt par le violoncelle, tantôt par le violon, un labyrinthe dans lequel je ne trouverais ni sortie ni rédemption.

Je sors dans le froid, dans la nuit, dans cette brume qui m'entoure comme si j'avais vidé une bouteille de vodka en attendant la fin du blizzard. Je regarde la lune, enfin... sa moitié brillante, comme si l'autre demi-entité avait fuit mon regard. Dans ce ciel nocturne, la lumière reste étonnante, presque vaporeuse, je n'arrive plus à savoir où je suis, ni même qui je suis. Je sais que je suis sorti du chalet, mais maintenant... Perdu, je suis. Dans une nuit, dans ma vie. Je me retrouve peut-être au coeur d'un bouquin où un tueur en série tourne les pages. Étranges sensations, celle de n'avoir pas tout compris, mais celle de m'être laissé emporté par le blizzard, putain de blizzard qui frappe par surprise comme la mort, comme l'amour. J'ai envie de voir les tableaux de Munch, j'ai envie d'écouter la musique de Schubert, j'ai envie de revoir le film de Polanski, la Jeune Fille et la Mort, j'ai envie de te regarder dans les yeux, caressant le poil de ta chatte, j'ai envie de boire une bière et surtout de ne plus sortir de ce labyrinthe. Putain de bouquin, je n'avais jamais lu un truc comme ça, une expérience inoubliable et terrifiante.
Commenter  J’apprécie          463



Ont apprécié cette critique (43)voir plus




{* *}