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Critique de Krout


Krout
19 décembre 2015
"- Aïe-aï-ïaille ! Ouillouilouille !" p.82*2 C'est par cette belle formule empruntée au banquier Abou Reg Reg que je me dois de commencer. Parce que Uno, il ne faut jamais hésiter à emprunter une bonne formule, surtout à son banquier, aux taux actuels, même si ce n'est pas pour acheter l'auto mentionnée. Parce que Deuxio je suis comme lui, Abou, d'avoir couru pendant les neufs dixièmes au moins de ce bouquin après cet inspecteur Ali, qui fraye avec un peu n'importe qui, Mikhail Gorbatchev, Saddam Hussein, et prétend connaître George Bush, mais qui m'évite. Absolument, c'est mon ressenti. On m'en promet monts et merveilles dans Ali coïte au Koweït. p.82 (je n'invente rien, moi). Je ne suis pas prêt de le lire celui-là ! J'interromps tout, Reg Reg, je suis essouflé. Parce que Tertio un policier, cela ? Pas de morts ? Même pas un voleur, hormis l'auteur ? J'en reste baba. Ronron pour ceux qui n'auraient pas compris et préfèrent le Chat. D'accord, il y a détournement, oui mais n'empêche, je me sens spoïlé. Puisque c'est comme cela, je vais le faire aussi, pour la toute première fois, pour votre bien.

Voilà je vais dérouler tous les éléments devant vos yeux ébahis comme lorsque vous vous êtes laissés embarquer chez un marchand de tapis. "- Aïe-aï-ïaille ! Ouillouilouille !" p.82*2
- C'est au Maroc, le téléphone vient d'être installé (ça commence fort) chez B. O'Rourke écrivain (oui c'est pas le même apparemment) dont on apprendra de la bouche du narrateur Brahim Orourke (là c'est le même que l'écrivain qui a un nom d'auteur dans le bouquin) qu'il pense en arabe et en berbère pour finalement écrire en français (beaucoup de lecteurs se laissent distraire par ce détail et n'ont du coup plus aucune chance ni de trouver Ali, ni de jouir du moment présent.)
- Il y a des phrases en anglais, certaines traduites d'autres pas, une phrase en allemand, non traduite, une belle phrase en latin p.164 , non traduite comme chez Umberto Eco. Je le mentionne car je sais que certains n'aiment pas. A mon avis, ils ont tort, cela fait partie de l'ouverture d'esprit et du voyage.
- Il y a aussi une blague sur le Coran, et une ou l'autre réflexion sur la religion musulmane qui demandent aussi à être interprétées. Je le mentionne pour les mêmes raisons.
- A défaut de vivre une aventure policière de l'inspecteur Ali, le narrateur nous présente toute sa famille, y compris ses beaux-parents écossais (rassurez-vous ils ne vendent ni tissu, ni tapis) et des scènes de la vie de tous les jours à El-Jadida.
- Brahim nous raconte sa vie, les conférences qu'il donne, les succés littéraires d'Ali, les réceptions dans la haute société marocaine (bref il se la pète), il disgresse sur la littérature avec beaucoup d'autodérision (moi j'aime énormément, mais j'en connais qui sont complètement allergiques et n'apprécient que la raillerie), ici c'est plutôt du sucre très fin (je dévoile mais cela reste impalpable) et il nous décrit des scènes empreintes (le policier se cache partout) de grande gaité avec ses enfants (là c'est plein de vie et très spontané, j'ai adoré) ou de grande tendresse avec sa femme (et vivre sans tendresse, non non non on ne le pourrait pas).
- Et puis, il y a la fin magique, annoncée par un clin d'œil d'Ali. Certains écrivains soignent particulièrement le début de leur livre, c'est tout à l'honneur de Driss Chraïbi, de terminer sur une note vibrante, qui emportera le lecteur encore longtemps après refermé la dernière page.

Et maintenant le vote du jury :
1 étoile pour le climat marocain, si agréable et bien rendu, je suis vraiment parti en voyage
1 étoile pour l'humour qui jailli parfois de façon très abrupte, (je me mords les lèvres pour ne rien dire à vous de trouver la scène p.158) ou qui parfois apparait aussi léger que le voile de la brume matinale (rien avoir avec celui de cette critique qui met en évidence l'importance du détournement)
1 étoile pour Tarik si vif, si espiègle et son frère Yassin plus responsable tous les deux tellement vivants
1 étoile pour remercier Ambage qui m'a conseillé de lire l'autobiographie de Driss Chraïbi La porte à côté et à qui j'avais expliqué préférer commencer par un roman, j'en ri encore de finalement m'être retrouvé avec une autre autobiographie d'auteur

Alors puisque cet inspecteur Ali est un énorme détournement et que je suis tombé médusé sur une artiste pratiquant, sur ce site, cette spécialité bien belge depuis René Magritte, Raymond Devos, Jean-Pierre Verheggen, Philippe Gelluk, Bruno Coppens et tant d'autres, je lui fais, à mon tour, un petit clin d'œil et lui recommande Les Folies-Belgères (1 critique, 1 citation). Voilà qui tissera un lien entre nous http://www.babelio.com/livres/Verheggen-Les-Folies-Belgeres/440693/critiques/818064
Pour ceux qui préfèrent des analyses plus précises, fouillées, détaillées, j'ai aussi deux liens pour aller à la recherche de l'inspecteur Ali.
http://www.limag.refer.org/Textes/Iti27/Dejean.htm
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00984272/document

Enfin pour ceux qui préfèrent les quizz : ils peuvent compter combien de fois 82 se cache dans cette critique, mais franchement il vaut mieux enquêter par vous-même sur l'inspecteur Ali.

Alors dis, il est pas beau mon tapis ? Et pas cher, tu sais.
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