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Critique de JIEMDE


Bien sûr, j'aime les livres où la langue est belle. Et celle de Christie l'est !
Bien sûr, j'apprécie les constructions habiles, et Christie sait particulièrement y faire !
Mais dans le fond, assez basiquement, j'aime plus que tout quand un livre réussit à me raconter une belle histoire. Et que j'y crois.
Dans Lorsque le dernier arbre, Michaël Christie – traduit par Sarah Gurcel – y est parvenu. Et de belle manière.

Remontant à rebours l'histoire épique de la famille Greenwood sur plus d'un siècle, Christie pose les bases et questionnements de sa saga, avant de repartir dans l'autre sens pour reprendre la bonne chronologie et en livrer les clés. C'est propre ; c'est addictif ; c'est particulièrement beau ; c'est totalement réussi !

De la naissance au début du siècle dernier des patriarches Harris et Everett - forestiers hors pairs - jusqu'au tournant de vie de Jacinda - guide sur une île de Colombie Britannique où la végétation est sanctuarisée après que le Grand Dépérissement a achevé le travail de saccage de l'homme -, les arbres ont rythmé la vie des Greenwood.

Tour à tour sources d'exploitations professionnelles, de refuges salvateurs, d'engagements militants, de travail manuel, d'études universitaires poussées ou juste d'amour inconditionnel, chaque Greenwood a trouvé son chemin de vie au contact des arbres, dessinant tour à tour les strates – certes imparfaites mais s'appuyant les unes sur les autres – de ce qui finit par former une famille. Comme les cernes successifs d'un arbre finissent par raconter son histoire.

Dans le récit aux multiples rebondissements de cette incroyable lignée familiale, Christie passe en revue les hauts et les bas de ce qui en forge les fondements : l'amour, l'humanité, la transmission, bien sûr ; le hasard, la fatalité, la guerre parfois ; la trahison, la vengeance et le mensonge aussi.

En mettant en parallèle permanent le destin de cette famille et les perspectives déclinantes de la nature en général et des forêts en particulier en Amérique comme dans le monde, Christie nous livre une réflexion belle et profonde sur le temps destructeur qui passe et sur l'imperfection humaine, qui peut cependant toujours être rattrapée

Sa démonstration de la capacité de l'homme à détruire tout ce qui fait sens autour de lui pourra sembler pessimiste à certains, voire anxiogène. Mais il n'en est rien, car comme pour les arbres, il y oppose sa capacité à se régénérer, différemment, après chaque apparente destruction.

Alors oui, cette histoire est belle et son analogie sylvestre, porteuse de sens ! Plongez sans attendre dans cette belle découverte de la rentrée, sans surtout vous laisser influencer par le pitch du livre qui pourrait faire croire à une dystopie. Il n'en est rien. Il n'y a là qu'une histoire. Une très belle histoire…

« Que sont les familles, sinon des fictions ? Des histoires qu'on raconte sur certaines personnes pour certaines raisons ? Comme toutes les histoires, les familles ne naissent pas, elles sont inventées, bricolées avec de l'amour et des mensonges et rien d'autre ».
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