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Critique de Seyana


Le Royaume Assassiné est le premier roman de l'auteure. Et ça se voit.
J'ai déjà lu de très bons débuts d'écrivains, mais celui-ci ne l'est malheureusement pas. Trop de faiblesses que j'expliquerais plus loin.

Dans cette histoire, les sirènes sont très dangereuses, la méchanceté est ancrée dans leur ADN et sont même cruelles entre elles.
Depuis toujours elles sont en guerre contre les humains et séduisent donc les pauvres voyageurs qui passent à proximité pour leur arracher le coeur. Jeune, vieux, homme ou femme, tout y passe.
Régnant d'une main de fer dans tous les océans du monde, l'impitoyable Reine des Mers exige de tous ses sujets de prendre le coeur des humains à chacun de leurs anniversaires.
Lira – la fille de celle-ci – est une sirène de 17 ans surnommée la Dévoreuse de Princes, car elle s'est spécialisée dans la collection de coeurs appartenant à des princes. Elle va finir par croiser la route d'Elian, un prince qui a des pulsions de tueur et qui est plus pirate de monarque. Celui-ci lui voue une haine farouche et a juré de débarrasser le monde de cette créature maléfique.

Bon déjà, les cheveux roux de la sirène, les tentacules (de la Reine) et les 3 (femmes) poissons qui viennent à sa rencontre pour lui chuchoter une idée, ça rappelle un peu trop le dessin animé de Disney… L'auteure aurait allégrement pu s'en éloigner pour inventer autre chose.

Pour info, le parti prit ici est un changement de point de vue avec une narration à la première personne pour Elian et pour Lira.

LES PERSONNAGES :

⇒ Lira
À peine repêchée en mer, Lira (devenue humaine) tient facilement sur ses jambes, et pète le feu alors qu'elle a failli se noyer. Et, alors qu'elle sait qu'elle doit cacher son identité, la voilà qu'elle débite dans sa langue natale (de sirène) à cause d'une embrouille ! Et que je veux faire la bagarre à peine arrivée sur le bateau, et que je me frite avec l'équipage, et que je cherche des noises au prince, et que je le menace, et que je le cogne, et que…
À un moment donné, elle se dit qu'elle va utiliser le prince pour récupérer un artefact très important, puis se demande si elle ne va pas plutôt le tuer, puis elle réfléchit un peu et se dit que non c'est galère s'il crève maintenant, puis elle se décide à lui arracher le coeur dès qu'il baisse sa garde, finalement elle cogite encore et décide de le laisser vivre pour l'instant sinon sans lui c'est mort pour trouver l'objet convoité. Heu… Un peu idiote cette fille, non ?
Franchement la Lira, elle est hyper chiante. Je veux bien comprendre que de base c'est une princesse (donc se la raconte) et méchante (car sirène) mais c'est trop là. Illogique, non drôle, et mal construit.

⇒ Elian
Le prince, n'arrive pas à mettre 1 + 1 ensemble. Lorsqu'il comprend la véritable identité de Lira il se remémore des choses trop évidentes, car même si l'auteure en a trop fait en nous abreuvant tout le long (comme parler la langue des sirènes quand il faut faire profil bas), il avait quand même plein d'autres indices hyper faciles à trouver tout seul. J'ai deviné que l'auteure voulait faire monter le suspense avec la fameuse révélation finale, mais c'est raté. Il n'y avait pas cette attente ; c'était tellement évident avec tous ces indices flagrants que j'aurais préféré qu'il s'en aperçoive dès le début et ça aurait été plus intéressant pour la suite. Ce n'est pas crédible, ou bien il est trop con.
Et puis, Elian devine plein de truc dans la tête de Lira (mais jamais elle). Dans le genre : « si elle est comme ci, c'est parce qu'elle pense comme ça. »
Exemple :
Heu... Comment peut-il analyser tout ça aussi précisément alors qu'il la connaît à peine ?

L'auteure utilise ce stratagème pour faire passer l'info, vu que c'est compliqué de le faire quand on utilise la narration à la première personne. Franchement, c'est lourd à un moment donné : fallait pas prendre ce type de narration ou alors le faire autrement. Bref, le prince aussi est mal construit.
Et puis pour un tueur, il devient vite mou du genou le gars, surtout envers Lira qui le vanne, lui manque de respect et le menace (carrément), refusant toujours de lui dire qui elle est avec tous ses secrets chelous. Alors qu'on nous dit que c'est un capitaine sérieux, vaillant, méfiant, qui impose le respect et tout. Illogique.

⇒ Les autres
Oui, vous avez bien lu : « les autres ». Car les personnages secondaires ne sont là que pour porter l'histoire, tout tourne autour des deux protagonistes. J'ai bien conscience qu'il s'agit d'un tome unique (ouf !) et que c'est compliqué de développer sous peine de pondre un gros pavé, mais ayant vu ailleurs des écrivains qui savaient développer d'autres personnages, je pense que l'auteure aurait pu mieux le faire.

LES DIALOGUES :
Les interactions entre l'équipage (et entre Elian & Lira) sont mal construits et les dialogues sont creux. Beaucoup de « je te donne des coups de coudes ou de poings pour rigoler/t'embêter », « je te balance des piques », « je te vanne», « je te titille ». On reprend et on recommence tout le long du livre. Ces passages sont trop nombreux, inutiles et surtout pas drôles. Ça sonne faux et ça fait très débutant toutes ces pseudos chamailleries pour faire ambiance bonne camaraderie.

LES INCOHÉRENCES :
Il y en a pléthore ! Ces faiblesses sont, pour moi, insurmontables et me détachent aussitôt ma lecture. C'est quand même le b.a.-ba de tout écrivain que d'y faire attention quand même…
Exemple 1 : attachée par une corde à la rambarde, Lira se tient peu après sur le pont. Problème : à aucun moment il n'a été indiqué qu'elle avait été libérée. Petit détail, mais cela m'a dérangé qu'il n'y est pas cette mention.
Exemple 2 : du prince décrété comme tueur, il ne reste rien (alors que c'était sympa comme idée). Lorsque Elian capture une sirène et qu'il entend l'implorer pour sa vie hé bien ça l'embête, car il « ne tue pas des êtres qui le supplie ». Fallait pas le dire au début de l'histoire qu'il aimait tuer si c'est pour que cela retombe comme un soufflé. J'ai l'impression de l'auteure voulait faire un truc un peu dark avec des anti-héros badass, mais que son engouement s'est refroidi et qu'elle n'a finalement pas osé aller jusque-là.
Exemple 3 : Lira peut à peine tenir sur ses jambes une fois devenue humaine, mais en une poignée de minutes, la voilà qui gambade ! Et quelques jours plus tard elle peut se battre sans problème avec une épée (alors qu'elle n'a jamais appris à les manier) et tenir TOUT L'APRÈS-MIDI à s'entraîner contre le prince (un combattant aguerrit) !
Exemple 4 : le prince (combattant aguerrit) se prend facilement des coups de la jeune fille (faible sous forme humaine) qu'il n'a pas vu venir. N'importe quoi.
Exemple 5 :
Etc.

De plus, un gamin/prince de 19 ans devenu pirate depuis des années, à la tête de grands bandits = peu plausible. Fallait lui ajouter quelques années, sinon il a commencé à 10 ans sa carrière ou quoi ?

Quant à Lira : elle sait qu'elle doit cacher son identité mais n'est pas discrète ou ne réfléchit pas tout court. En plus, elle a absolument besoin du prince pour trouver un artefact, mais pense à le tuer dès que l'occasion se présente pour mieux le laisser vivre vu qu'elle en a besoin. Pourquoi ce monologue complètement inutile à chaque fois ? Vraiment, ça m'a agacé tout ça

Et la fin est catastrophique.

LA ROMANCE :
Sans surprise, ils tombent amoureux à un moment donné. Quand, je ne le sais pas car ça arrive comme ça. Or, comme on est noyé dans ce trop-plein de « bickering » avec ce trope « enemies to lovers », on n'y comprend rien.
Je m'explique : les deux-là se chamaillent sans cesse tout le long du livre, se lancent des piques, s'embrouillent, se contredisent, se haïssent, se prennent la tête, se bagarrent, se détestent, se… Bref, ça fatigue toute cette toxicité.
Et tout d'un coup, paf le chien ! Ou plutôt, paf l'amour ! Mais quand ? A quel moment ? Comment peut-on passer de mépris/haine/colère à des sentiments plus doux ? Pas crédible. J'aurais préféré une amitié, mais pas de romance si c'est pour l'écrire comme ça.

LE MONDE :
Le monde est composé de 100 îles, dont l'île Midas où tout est en or. On va sur 4 îles et c'est tout. Pas plus approfondis que ça ce monde et pas de carte pour l'illustrer. Bref, je suis resté sur ma faim et je pense que l'auteure a choisi la facilité en restant aussi vague vu que c'est un monde qu'elle n'a pas vraiment construit. Mais à la rigueur, ce n'est pas ça qui m'a dérangée.
Ici, avoir utilisé le mythe de Midas n'a aucun intérêt. Que ce soit Midas ou autre, ça ne changeait rien cette inspiration de la mythologie grecque, à part qu'il y a beaucoup d'or et que toute l'île (rues & maisons inclus) est peinte en jaune/doré, et que ça brille de ouf quand il y a du soleil. Voilà, c'est tout. Au moins les 3 autres îles sont inventées et donc plus intéressantes (même si descriptions très succinctes).

LES RÉPÉTITIONS :
⇒ Lira est méchante et il faut bien le savoir, donc très souvent elle a :
- un rictus de ses lèvres
- se passe sa langue sur les lèvres
- se pourlèche les lèvres
- etc.
Bref, plein de grimaces pour dire qu‘elle est toujours en mode pas gentille olala attention ça reste une méchante sirène, même si elle a un corps d'humaine.
⇒ Quant à Elian, il n'aime pas être un prince, il aime la mer, il ne veut pas être un roi, mais un pirate. Saviez-vous qu'il se sent bien sur un bateau, mais malade sur terre ? Monsieur aime l'aventure, pas les mondanités. Il préfère porter des vêtements confortables qu'étriqués, et méprise la futilité du mode de vie de nobles, préférant celle de nomade.
Bref, plein de blablabla pour dire que Elian c'est un prince mais pas vraiment quoi.

CONCLUSION :
Cette histoire tombe à l'eau. Je me suis ennuyée et, pour me forcer à le terminer, j'ai dû abréger mes souffrances en lisant en diagonales les passages les plus barbants.
Perso, je trouve avoir perdu mon temps. Avec un peu de recul et un remaniement de son roman, l'auteure aurait pu prétendre à mieux.

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