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Critique de Delphine-Olympe


Je viens de découvrir un petit livre tout à fait passionnant. Petit, il l'est certes par son format de quelque 94 pages, notes incluses. Mais ô combien vaste est le champ de réflexion qu'il ouvre !

A quoi songeons-nous lorsqu'on évoque la Grèce ? En tout premier lieu, on pense Antiquité, dieux et héros, et bien sûr l'image du Parthénon vient très vite à notre esprit. Athènes n'est pas une ville que l'on connaît forcément très bien. On n'y fait bien souvent qu'une halte avant de s'envoler vers une autre destination - les Cyclades, le Péloponnèse ou les Météores. A cette occasion, on ne manque pas de gravir l'Acropole, dominée par le majestueux édifice. Mais Athènes saurait-elle se réduire à ce monument ?

D'après Chryssopoulos, le Parthénon tiendrait en tout cas une place bien trop importante dans la psyché grecque. Représentation d'une harmonie parfaite, manifestation insurpassable de perfection, cet édifice écraserait de son poids toute velléité d'innovation et de créativité. Pire encore, elle retiendrait les Grecs captifs d'un passé idéalisé qui les priverait de toute perspective d'avenir. Et nul ne semblerait pouvoir y échapper : refuser de lui rendre un culte équivaudrait à s'exclure de la communauté.

Dès lors, pour se libérer de cet envahissant symbole et pouvoir enfin aller de l'avant, une seule chose resterait à faire : le détruire. C'est ce qu'imagine Chryssopoulos, qui donne successivement la parole à l'un des gardiens du temple, puis à celui qui a commis l'inconcevable avant de reprendre les témoignages de quelques individus qui, dans les années 1940, exprimèrent réellement ce qu'ils considéraient comme la seule voie possible.
Ce texte rend compte de l'effroi et du désespoir que ce geste irréparable ne manquerait pas de provoquer au sein de la population, si celui-ci devenait réalité. Il est évident que l'émotion dépasserait les frontières de ce pays, tant l'Europe est imprégnée de la culture grecque. Détruire les traces tangibles de l'histoire de l'humanité est traumatisant pour chaque individu - la destruction du site de Palmyre, en Syrie, nous l'a malheureusement récemment démontré. On ne fait pas impunément fi de sa mémoire.
Mais ce qu'interroge brillamment Chryssopoulos, c'est notre capacité à nous émanciper de ce qui est constitutif de notre identité, notre capacité à nous projeter hors des limites de ce qui nous est familier.
Le Parthénon a pour lui la force et la permanence de la pierre. En outre, de par sa position en surplomb de la ville, il impose sa domination de manière extrêmement manifeste. Mais il en va de même de tout ce qui constitue notre culture : textes, images, croyances... Nous en avons intensément besoin, mais nous devons également savoir être critique à son égard, ne pas la sacraliser et continuer à inventer sans rester tourné vers le passé. le chemin que doit accomplir chaque génération, en somme !

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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