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Critique de Bookycooky


Une histoire qui débute avec une séance jubilatoire chez le psychiatre. On y va pour cause de dépression suite à un bobo d'amour, on en ressort avec le bobo totalement discrédité par la vie adultère de papa avec maman, dont on est le fruit. On croyait avoir tout réglé avec le temps, eh bien non. le sujet du livre est justement ce retour au passé, pour réduire « la distance qui nous sépare » avec un père, déjà décédé, et trouver à travers lui, les pièces manquantes du puzzle de notre personnalité et de notre existence, qui nous font aujourd'hui souffrir, “Si je réussis à comprendre qui était vraiment mon père avant ma naissance, je pourrai peut-être comprendre qui je suis moi-même maintenant qu'il est mort.” Mais fouiller dans le passé peut autant révéler son lot de mauvaises surprises que de bonnes.
Le dit père n'est pas n'importe qui. Il est un personnage éminent de la dernière dictature militaire au Pérou (1968-1978, dictature soutenue par les États Unis) et d'après les propres paroles de son fils, “le ministre le plus redoutable de cette époque qui était déjà elle-même redoutable “. El Gaucho est aussi redoutable avec son fils, un des nombreux de sa lignée,Les Cisneros Vizquerra. Pourtant cet homme, Don Juan machiste, est tout autre dans ses vies amoureuses que son fils découvrant sur la tard ( posthume), nous raconte avec un élan romanesque digne des grandes histoires d'amour de la littérature classique. Quand à ses relations avec ses enfants, au total six, de deux femmes différentes , elles sont plutôt compliquées, mais intéressantes, et révèlent l'ambiguïté du personnage.
Tant qu'il n'a pas à séduire, il est, aussi bien côté vie privé que public, l'homme qui détient le pouvoir, un pouvoir non discutable, redoutable comme le révèle l'histoire , aux conséquences néfastes, et aux zones d'ombres sulfureuses (« Augusto Pinochet, un autre de ses héros, ou plutôt de ses idoles.'' / « cet homme en uniforme qu'on voyait souvent à la télévision et qui, tous les matins, après nous avoir embrassés et avoir refermé derrière lui la porte donnant sur la rue, se transformait en criminel du peuple. »....).
C'est un roman passionnant, sur fond d'histoire du Pérou, où Cisneros avec beaucoup de courage redonne vie à un père, personnage criminel, paradoxal et complexe, à travers "l'autofiction". Derrière le personnage public redoutable, le militaire et politicien célèbre se cache « un homme tout à fait ordinaire ». Très très réussi et très bien écrit.

Je voudrais ajouter.....est-ce-que l'espérance d'un monde équitable, où ce genre de monstres, de tyrans, de dictateurs disparaîtraient à jamais, existe-t-elle ? Ou ce n'est qu'un leurre ??? Cette année j'ai lu de nombreux livres où ces vrais personnages ont croisé mon chemin, au passé, mais aussi, malheureusement toujours au présent......


« Peut-être qu'écrire, c'est s'exiler. Peut-être ce livre est-il une certaine forme d'exil. ».
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