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Critique de topocl


Parce que son père est mort mais ne le quitte pas depuis vingt ans, Renato Cisernos va à sa recherche dans ce roman sincère, douloureux et courageux. Une pierre de plus dans la mare des livres consacrés au père, une pierre qui déclenche des remous concentriques qui vont mettre un sacré temps à s'estomper.

Luis Cisernos Visquerra, dit El Gaucho, a été général, Ministre de l'Intérieur, Ministre de la Guerre de plusieurs gouvernements militaires péruviens, porteur de plusieurs coups d'états, adversaire implacable, simultanément controversé et adulé du Sentier Lumineux.
le ministre le plus redoutable de cette époque qui était déjà elle-même redoutable.

Renato a vécu dans cette ombre arrogante , séductrice, autoritaire, enfant incertain et froissé, fasciné par ce père qu'il avait "besoin de conquérir".

L'auteur - outre son père, mais aussi comme lui - endosse plusieurs générations d'hommes fantasques, marqués par le destin, aux amours prolifiques et atypiques. Cette empreinte est là qui impacte les parcours et les émotions des générations successives.

Veut-il confesser, dénoncer, minimiser, pardonner? Il se situe d'entrée de jeu dans un acte psychothérapeutique et ses chemins le mènent peu à peu  à un engendrement littéraire.

C'est quoi être le fils d'un titan tyrannique et de l'aimer? C'est quoi de le connaître en homme et non en loup? de déterrer ses blessures jamais avouées, sa généalogie pathogène? Renato veut comprendre tout cela, avec une fureur déterminée, à sa façon à lui, il écrit donc un roman et non une biographie, un roman différent de celui qu'écriraient ses frères et soeurs (les enfants de sa mère et ceux que Luis a abandonnés pour créer cette deuxième famille), ses femmes et ses mantes, ses compagnons politiques ou militaires, ses opposants traqués, torturés et tués, tous auteurs possibles d'histoires différentes.

Il y a  des pages dont la sincérité est d'une audace profonde, qui m'ont étreint le coeur, dans leur intensité, dans leur douceur intime. L'analyse implacable,  toute en subtilité, de cet attachement parfois révulsé, laisse par moments la place aux rares épanchements de cet homme fermé et haïssable. Il ressort de cette enfance qu'elle fut malgré tout protégée, et cependant heureuse. Tout autant que son père, on apprend à connaître Renatio, ce jeune homme délicat et tourmenté, poète et journaliste,  nonobstant fier de son arrogant paternel,, d'une honnêteté et  d'une  fidélité touchantes envers son passé, sa mère, ses frères et soeurs, sa famille tentaculaire et son histoire, ce jeune homme qui raconte son amour désarçonné pour un homme non aimable, un amour marqué par cette  "distance qui [les] sépare" .

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