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Critique de Presence


Ce tome est le quinzième dans une série qui en compte 19, et qui forme une histoire complète ; il vaut mieux avoir commencé par le premier tome. Il est publié dans le sens japonais de lecture (de droite à gauche), en noir & blanc. Il a été réalisé par le collectif Clamp : Nanase Ōkawa, Mokona, Tsubaki Nekoi, et Satsuki Igarashi. Initialement ces 19 tomes ont fait l'objet d'une prépublication de 2003 à 2011, au Japon.

Ce tome comprend 4 chapitres de longueur inégale. Chapitre 1 (58 pages) - La cliente qui veut apprendre à cuisiner vient goûter des omusubi (boules de riz fourrées au poisson ou à la rune salée) chez Yûko, en présence de Watanuki, Yûko, Mokona, Dômeki et Himawari (avec Tampopo). Chapitre 2 (11 pages) - Chaque jour, Watanuki continue d'accrocher un paquet d'omusubi à la grille de la demeure de la cliente, qui les dédaigne. Yûko n'a pas donné signe de vie depuis 2 semaines.

Chapitre 3 (13 pages) - Dômeki s'est installé dans la boutique de Yûko, en attendant le retour de cette dernière. Himawari a cuisiné elle-même des gâteaux. Chapitre 4 (85 pages) - Watanuki a une nouvelle apparition de Sakura et Shaolan (dédoublés même). La cliente vient se plaindre à la boutique. Yûko, Maru & Moro, et Mokona sont toujours absents.

Avec ce tome, le lecteur prend conscience que le lien avec Tsubasa reservoir chonicle s'est resserré au point que sa lecture est indispensable pour comprendre 2 scènes de ce tome : l'apparition de Sakura et Shaolan en double, et la disparition de Yûko, liée à des agissements développés dans l'autre série.

Le lecteur prend également conscience que la narration des Clamp est à la frontière entre l'implicite et l'évidence. Dès le tome précédent, il était devenu évident que Yûko poussait Watanuki à apporter la solution au problème de la cliente, à devenir autonome. À partir de cette évidence, le lecteur est en droit de se demander s'il fallait vraiment consacrer autant de pages à Yûko en train d'expliquer cette évidence à Watanuki. En termes de narration, le lecteur ne sait plus très bien s'il y a vraiment quelque chose de supplémentaire dans cette scène (peut-être dans les réactions de Watanuki), ou s'il s'agit d'une redite superfétatoire parce que les Clamp redoutent que leur lectorat n'ait pas tout compris du premier coup.

Cette narration s'avère vraiment déconcertante. Dans certaines scènes, charge au lecteur d'interpréter ce qui est contenu dans les dessins, sans plus d'explications (par exemple les fluctuations d'énergie dans la boutique pages 103 à 106). Dans d'autres scènes, les auteures expliquent avec application des situations ou des sentiments qui semblent évidents.

Quoi qu'il en soit, le lecteur a le plaisir de découvrir l'issue de la requête de la cliente, ainsi que de nouvelles révélations sur la nature de Watanuki, et même de Yûko. Dans cette dernière scène (pages 138 à 172), toutes les spécificités de la narration des Clamp se retrouvent. Pour commencer les 2 personnages évoluent sur un fond noir uniforme pendant ces 35 pages. Certes l'intrigue justifie cet environnement noir, mais au bout de 14 tomes, le lecteur sait aussi que les Clamp ne sont pas très portées sur les décors.

Cette scène de 35 pages est donc un long dialogue durant lequel les 2 personnages se parlent, prennent conscience de leur état d'esprit, de ce qui leur tient à coeur, du temps passé, des émotions qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. D'un côté, c'est assez pauvre visuellement (à nouveau surtout des bustes représentés, et des têtes qui parlent) et un peu exagéré sur le plan dramatique. de l'autre côté, le lecteur s'est attaché à eux, connaît parfaitement les enjeux et leurs émotions, peut voir les échanges de courants émotionnels entre les 2 personnages. Watanuki reste un garçon filiforme aux expressions un peu exagéré, plein d'espoir et d'attente vis-à-vis de Yûko. Cette dernière est toujours aussi sensuelle, mais d'une façon maternelle. Enfin les Clamp continuent de jouer avec le thème du papillon, par le biais du kimono de Yûko.

Du point de vue de l'intrigue, ce tome marque un tournant dans l'histoire. Il ne s'agit pas d'une survenance abrupte sortie du chapeau, mais de l'aboutissement de brèves sensations et émotions distillées dans les tomes précédents. le lecteur obtient donc la confirmation de ce qu'il pressentait depuis plusieurs chapitres.

Comme dans les tomes précédents, le lecteur prend un soin particulier et un plaisir à repérer les phrases qui sorties de leur contexte prennent une valeur de sentence philosophique.

- Watanuki : C'est notre personnalité qui s'exprime à travers notre cuisine. Manger sa propre cuisine revient à s'accepter soi même.
- Sakura : Tout va se passer pour le mieux.
- La cliente : Si la cuisine fait ressortir la personnalité de chacun, cela veut dire que je suis totalement creuse. C'est pour ça que je refusais de le savoir.

À nouveau ce tome est fortement orienté sur l'importance de la cuisine, comme révélateur de la personnalité de l'individu. Dans la première partie, Watanuki fait l'analyse de sa personnalité au travers de sa cuisine, en même temps qu'il tance la cliente. Ce tome est encore plus celui de Watanuki que les précédents. le lecteur a la surprise d'apprendre qu'il est incapable de conserver la mémoire du goût des aliments qu'il mange. Yûko lui déclare que son voeu le plus cher est qu'il existe, déclaration d'une force telle que le sous-entendu ne peut échapper au lecteur. du point de vue de la nourriture, le lecteur reste avec la même interrogation que précédemment : quel sens donner à la grande consommation d'alcool de plusieurs personnages ? de la même manière que les talents de cuisinier de Watanuki ont fini par devenir un point focal du récit, faut-il en déduire que les nombreuses remarques de Watanuki sur la consommation d'alcool doivent attirer l'attention du lecteur ? Et sur quoi ?

Du fait de l'accélération de l'intrigue (toute relative, par rapport aux tomes précédents) et de la forte charge émotionnelle empreinte d'une tristesse ineffable, ce tome agrippe le lecteur plus que les précédents.
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