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Critique de Calimero29


"Le corps de Sankara", c'est d'abord une plongée dans le Burkina Faso de 2014 à travers les yeux des deux personnages principaux qui espèrent retrouver un sens à leur vie dans cet environnement qui leur est totalement inconnu.
Tous deux sont venus en Afrique pour les mauvaises raisons; Daurat, la soixantaine, est affecté à l'ambassade pour son dernier poste, trois fois divorcé, sans contact avec ses enfants et il pense reprendre sa vie en mains et réaliser de grandes choses pour l'Afrique en exploitant une mine.
Lucie, qui prépare une thèse en sciences de l'environnement, essaye de se guérir d'un grand chagrin d'amour et s'est portée volontaire pour travailler dans une ONG.
Secoués, désarçonnés, étonnés par ce pays dont ils ne connaissent pas les règles, les coutumes, ils finissent par en apprécier les habitants, le rythme mais ils ne le comprennent pas du tout et ne voient pas arriver les évènements qui vont les emporter.
A côté de l'aspect fictionnel, ce roman donne une description sans concession, assez juste, de la vie d'expatriés en Afrique, du fonctionnement d'une ambassade et du rôle que jouent les ambassadeurs et les différents chefs de service. C'est également un réquisitoire contre la politique de la France en Afrique. C'est aussi une image certainement proche de la réalité puisque l'auteur a vécu au Burkina Faso de 2007 à 2010 de ce pays gangrené par la corruption, enfoncé dans la pauvreté, où la notion de liberté a été pervertie par les élites à leur profit. On y découvre la culture, les superstitions, les liens au village, les marabouts, les griots.
C'est enfin un hommage à Thomas Sankara, initiateur de la première révolution et devenu président en 1983; il incarnait tous les espoirs de la population; il a fait bouger les lignes, trop certainement puisqu'il a été assassiné en 1987 lors du coup d'état de son soit-disant ami, Blaise Campaoré; son corps n'a jamais été retrouvé et formellement identifié. le roman se termine en 2014 avec la deuxième révolution du peuple qui chasse Blaise Campaoré du pouvoir après 27 ans de pouvoir, de délitement et de déliquescence du Burkina Fasso. le corps et le nom de Sankara, qui ont donné son titre au livre, hantent le roman comme un espoir, une attente.
J'ai plus apprécié ce roman pour l'atmosphère, l'environnement, l'histoire de ce pays que pour les deux personnages qui traînent leur mal-être dans un environnement qui les dépasse, où leurs petits soucis terre-à-terre ne peuvent que paraître dérisoires face au destin d'un pays et d'un peuple. Ils ne font que se croiser jusqu'à ce qu'ils retrouvent, de façon assez rocambolesque, dans l'avion de retour vers la France.
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