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Critique de Zoeprendlaplume


Les fontaines du paradis c'est plutôt un roman d'ingénieur. Il raconte le projet fou de construction d'un ascenseur spatial sur plusieurs milliers de km. C'est tout l'enjeu du roman, exploré dans toutes ses facettes : politiques, éthiques et religieuses, et surtout scientifiques et techniques.

300 pages et plusieurs années interrompues par quelques ellipses, pour voir se dresser la construction immense qui supportera l'ascenseur. Et évidemment, quelques impromptus et contretemps viennent ponctuer le récit, interrogeant la faisabilité, la portée et les conséquences de cette invention. Contrairement à pas mal de bouquins de SF où les technologies avancées en jeu sont déjà effectives, ici tout est à faire. Et on va se heurter à des problèmes. On va donc parler mécanique, techniques, sciences… Comme une sorte de mode d'emploi. J'ai adoré ce double concept : celui de l'ascenseur et aussi celui d'une SF qui se construit.

Mais avec Arthur C. Clarke, ce n'est pas aussi casse-tête qu'un mode d'emploi basique. L'auteur sait faire passer la pilule. Il explique, se fait pédagogue, sans que ce soit non plus un cours de physique imbitable. Nulle difficulté dans ce texte, vous pouvez tout à fait l'aborder sans avoir fait d'études scientifiques. Ainsi, vous apprendrez très facilement tout sur le concept d'ascenseur spatial, qui n'est pas nouveau à l'époque.

Tout ceci pourrait paraître assez aride, mais Arthur C. Clarke est un conteur de talent, qui n'oublie jamais qu'il écrit du roman.
Même s'il ne se passe pas non plus 50 millions de choses à la seconde, Les fontaines du paradis est un roman passionnant et captivant. L'intrigue s'étire sur plusieurs années, et est très facile à suivre, composée d'une trame principale avec quelques petits retours dans le passé.
On pourrait se dire qu'au bout de 200 pages il y en a marre de ce fichu ascenseur, mais non. Car la curiosité l'emporte, et la manière dont la hard SF et le côté romanesque se mélangent est habile. En effet, on reste toujours dans un roman, même si celui-ci s'imbrique avec un historique avéré.
De ce fait, on a dans ce roman tous les attirails traditionnels du genre. Certaines personnes pourraient cependant estimer que c'est un peu mou du genou, car la tension dramatique n'est pas non plus hyper développée.

L'écriture de Clarke est par ailleurs assez unique et reconnaissable. L'auteur a une plume enveloppante, poétique mais simple, directe sans être précipitée. Avec lui, pas besoin de 50 000 métaphores, mais le bon mot exact à la bonne place, et de la simplicité joliment enrobée.
Je ne peux pas dire que j'ai lu énormément de hard SF encore, mais de ma petite expérience, Clarke est l'auteur qui a su le mieux me captiver avec un texte aussi savoureux que pointu.

Ce que j'aime aussi beaucoup avec cet auteur, c'est le lien souvent très étroit qu'il fait avec l'exploration d'un univers tellement grand et inconnu qu'il nous dépasse, et des considérations empreintes d'une certaine religiosité.
C'était déjà le cas avec L'odyssée de l'espace, mais c'est encore plus flagrant ici avec ce dialogue sciences-religion dont on pourrait se dire qu'il enfonce des portes ouvertes. Mais Clarke nous surprend. Car ces moines sont parfaitement au fait des sciences récentes, entourés de spécialistes et amateurs eux-mêmes d'astronomie et d'astrophysique. La dichotomie entre les deux est donc beaucoup moins marquée, évidente, et débouche sur des questionnements particulièrement passionnants.

J'aime enfin la manière dont le titre du roman fait lui-même un pont entre ce projet scientifique et le passé de Taprobane.
Le début du roman alterne plusieurs chapitres dédiés à différents personnages, situés dans le passé et dans le présent. Ces différents récits se font alors écho. J'ai aimé ce concept de pont, non seulement entre la Terre et l'espace mais aussi entre le passé et le présent (et l'avenir, dont il est question dans le roman). Cet ascenseur spatial est une sorte de tour de Babel, comme les fontaines du paradis. Autre point de vue qui relie le roman à toute une culture religieuse et antique.

Un roman avec une importante densité en définitive : plutôt court mais incroyablement rempli de surprises et de réflexions captivantes.
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/a..
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