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Critique de 5Arabella


Claudel écrivit cette pièce assez rapidement, alors qu'il se trouvait en Chine, pendant les années 1895-1896. de façon très exceptionnelle dans sa production, la pièce n'a pas été reprise. Elle a été publiée dans le recueil L'Arbre en 1901. Elle a été créée en 1928 à Varsovie, au Théâtre National (Teatr Narodowy), je n'ai pas vraiment trouvé des informations sur ce que pouvait être cette création. Dans les années 50 du vingtième siècle elle a connu des mises en scène en Allemagne, avant d'être enfin créée en France en 1965 dans une mise en scène de Pierre Franck.

La pièce est découpée en trois actes. Dans le premier, l'Empereur de Chine s'inquiète : les morts remontent sur terre, et menacent d'envahir les vivants. le souverain essaie de comprendre ce qui se passe, un Nécromant fait apparaître le fantôme de l'empereur Hoang-Ti avec qui dialogue l'Empereur sans arriver à résoudre le problème. Il décide de descendre au royaume des morts pour comprendre ce qui se passe et quel pourrait être le remède. le deuxième acte se passe chez les morts, dans le noir. L'Empereur dialogue successivement avec sa mère, puis avec un démon qui tente de l'effrayer et de l'égarer. Survient l'Ange de l'Empire, qui finit par donner la solution : il faut respecter le repos du septième jour, signe de ralliement à Dieu. Au troisième acte, le prince, héritier de l'Empereur à qui il a confié son royaume, est aux abois. Un soulèvement généralisé va l'emporter demain. le prince invoque son père, qui se manifeste. Il annonce qu'il va terrasser les rebelles, et donner les instructions à suivre au peuple, ce qu'il fait le lendemain, avant de retourner au monde souterrain, mais en laissant le bâton de commandement royal, transformé en un symbole de la croix.

Nous sommes dans une Chine de conte, un pays ancestral et mythologique, qui n'est pas sans rappeler le monde de la Grèce antique, avec son voyage aux pays des morts, au cours duquel l'Empereur dialogue avec différents personnages, avec ses pratiques magiques, avec le roi masqué, avec la présence de nombreux personnages de cour, qui ont quelque chose d'un choeur de tragédie. Un monde païen, sans le dieu « véritable » dont l'Empereur aura en quelque sorte la révélation dans son voyage aux enfers, d'où il reviendra avec le commandement biblique du respect du repos du septième jour. Il reviendra marqué par la lèpre, mais ses stigmates, plus qu'une malédiction, sont un signer d'élection : c'est par la souffrance et le sacrifice que s'accomplit le salut de son peuple. le voyage initiatique du souverain lui révèle successivement la nature du mal, leçon délivrée par le démon, puis la voie du salut par la voix de l'ange.

La pièce est extrêmement simple malgré la présence de nombreux personnages, la descriptions de costumes et décors somptueux. Elle a un côté grandiose et majestueux, mais aussi un aspect très épuré. La langue, la poésie de Claudel peuvent s'exprimer pleinement dans ce cadre, et frappent d'autant plus dans une action très minimaliste, qui dans son découpage symbolise le passage de l'ignorance à la révélation, de la vie égarée à la mort, avant de revenir à la vie véritable.

C'est très impressionnant.
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