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Critique de theowen


Bill est de retour à New York après une cure de désintox de 6 semaines.
Quand il se retrouve seul dans le studio de Dave, puis dans son propre appartement, j'assiste au début de son introspection. le poids de la rechute pèse sur ses épaules tel un couperet. Il se rend à sa première réunion, où Jack son parrain qui est ancien toxico est présent pour le soutenir. le processus commence, se débrouiller sans l'assistance du corps médical, sans surveillance constante. le temps de renaître de ses cendres comme le phoenix.
Cependant, ce qui est tu, c'est que vous seul êtes maître de votre destinée, de vos choix, que nul autre ne se bat à votre place. Les étapes ne sont pas une partie de plaisir. Les 90 jours sont l'Everest à gravir et le chemin est sinueux, tortueux et torturé.

Bill a touché les bas fonds de l'alcoolisme et du Crack. Son retour à New York est le lieu du théâtre où c'est joué son ancienne vie, les fantômes de son passé partis en fumée resurgissent en souvenir constants et déstabilisants. Mille questions s'entrechoquent pendant cette période de doutes incessants. Il se dévalorise énormément. le premier pas de la guérison est d'accepter enfin la vérité de sa condition mais le plus dur sera de demander de l'aide, de se battre pour se sortir la tête hors du marécage, de relativiser et comprendre qu'il a évité le pire. Or, le plus long du chemin vers la rédemption reste à être parcouru par lui seul !

90 jours, c'est le temps symbolique estimé pour un pied bien ancré dans la sobriété. Et pour y parvenir rien ne sert de courir.
Extrait : « Une réunion après l'autre, un jour après l'autre ».

J'assiste au quotidien de cet homme qui se cherche, tente de se reconstruire avec les moyens disponibles. Je perçois son trouble, ses doutes abyssales quand à son avenir encore incertain. Son angoisse, sa tristesse qui le ronge, le percute à chaque frôlement de son passé. le plus dur est le regard des proches qui doutent pour vous, parsemé de douleur, d'incompréhension et de colère contenue.

La tentation est partout, présente à chaque coin de rue. L'euphorie qu'elle provoque est cent fois plus attrayante que la réalité qui se dessine chaque jour devant Bill. Y plonger est plus rapide et fulgurant et la honte qui en découle est un engrenage mortel.

Je perçois Bill comme une plaie qui essaie désespérément de cicatriser, seulement sa volonté est mise à rude épreuve, le désespoir si grand et sa confiance en lui est presque inexistante qu'il ne croit pas en sa rédemption.

La description des lieux n'est pas chaotique, ni trop développée. Toutefois, je me perds parfois dans le temps. J'oscille entre passé et présent, captant les souvenirs, les anecdotes et je réalise la perte et la descente minutieuse et pernicieuse dans cet enfer gluant qui l'a englouti.

Ce livre est un témoignage de l'auteur lui-même. C'est bouleversant, il montre que la rechute est omniprésente, le combat difficile. Il paraît souvent insurmontable que seul son opiniâtreté personnelle compte dans ce maelström d'incertitudes devant cet avenir qui se construit dans un brouillard épais tantôt infranchissable tantôt qui s'éclaircit. Il piétine entre sauvetage et envie sournoise de drogue.

La plume de l'auteur est sublime et tranchante. Il expose parfaitement la difficulté à rester clean. La manière qu'à le cerveau de se déconnecter de la vie réelle quand il se souvient des effets du Crack. Que même les amis, la famille, la destruction de sa carrière, de sa vie ne suffit pas à le détourner définitivement de la came perfide qui le gangrène, l'attire, le contrôle et le détruit. Cette lecture est éprouvante, percutante et stressante. Pour une personne extérieure qui n'a jamais connu la dépendance cela peut paraître surréaliste. La volonté est capable de s'effriter aussi rapidement que le sable s'envole dans une tempête.
Ce qui m'a également interpellé, c'est le monde inconnu, de toutes ces salles de réunion prévues pour toutes les différentes dépendances, les bénévoles qui officient dans l'ombre pour aider les accrocs multiples et leur famille à surmonter le passage des 90 jours fatidiques et au delà.
Ce monde inconnu pour une personne lambda qui se fond dans la masse.
Cet échange est indispensable, mais surtout comment des inconnus deviennent les personnes les plus importantes de votre vie, un soutien, une lueur d'espoir dans les ténèbres. La bataille est constante et à vie. Face à une mort qui vous tend les bras en permanence.

La détresse est palpable à chaque instant de ce récit, à chaque rechute qui s'accompagne de paranoïa, de la descente honteuse, de la colère des personnes intimement liées à votre entourage.

Dans chaque phrase, chaque mot Bill Clegg se juge, s'analyse. C'est écrit avec beaucoup d'émotions qui ne sont pas toujours gaies mais d'une justesse à couper le souffle !
Parfois, il suffit juste d'un déclic grâce auquel la situation change, une phrase, un acte, une personne, une réunion... Accepter d'être aidé, et d'aider en retour.

La fin est bouleversante et profonde, je l'ai tant attendu qu'elle m'apaise.
Cependant, il ne faut pas oublier : « Pour moi, il n'y a pas de ligne d'arrivée. Pas de repentis, seulement un processus de sevrage perpétuel ».

Ne passer pas à côté de ce pur moment de vérité poignante !
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