AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Stockard


Vraiment un livre qui avait, dès sa couverture, tout pour me plaire (non)
Un nom d'auteur dont on ne dévoile que la première lettre du patronyme parce que ça fait so mysterious. Une petite phrase choc pour le cas où la presse en bas de chez toi aurait été en rupture de Gali et autre Voilà et qu'un livre te promettant « un ancien escort témoigne » ne peut te laisser de marbre (même si « dans la plus dangereuse des favelas, un enfant-tronc se défait des membres du gang des Maras qui voulaient lui chouraver un rein en les mordant jusqu'au sang » aurait sûrement encore un peu plus boosté les ventes) Et je ne dis rien sur la photo de l'auteur parce que ce n'est finalement qu'une photo... de l'auteur.
Avec tout ça, comment j'ai pu me retrouver plongée dans ce bouquin ? Mystère de la-lecture-du-premier-chapitre-mais-c'est-juste-pour-voir-je-n'irai-pas-plus-loin qui fini par s'étendre à tout le livre qui se voit finalement englouti un dimanche après-midi de canicule.
Parce que oui, ça se lit tout seul. Faut dire qu'on se doutait un peu qu'il n'y aurait pas de difficultés particulières mais en fait non, ça se lit tout seul parce que ce n'est pas inintéressant, loin de là. Clément Grobotek livre un témoignage sur sa condition d'ancien escort pour mecs ultra friqués qui n'ont pour certains ni le temps ni l'envie de créer une vraie relation et pour d'autres des fantasmes un peu chelous mais en fait [beware : spoiler] pas tant que ça.
Bref sa situation n'est pas si déplorable, de toute façon il ne fait pas mystère qu'il s'est lancé dans cette aventure uniquement pour la maille et vu le taux horaire, on peut le comprendre. le seul hic concernant l'envers du décor de cet argent facile est qu'on pourra toujours taxer la petite frappe, le mec de cité, le prolo, bref la « racaille » de drogué, le fait est qu'une soirée dans la haute bourgeoisie n'est que rarement constituée de thé et de petits fours, l'alcool et les drogues dures (oui, mais récréatives donc voilà, c'est pas pareil) sont en accès libre et personne, absolument personne, ne les dédaigne. Fatalement un beau jour, Clément G. (mysterious) se loupe sur une dose de GHB et là, c'est l'overdose.
Il s'en sort, prend cela (à juste titre) comme un avertissement, décide alors de ne pas attendre la prochaine expérience du même acabit pour voir combien de temps, cette fois, il mettra à revenir parmi les vivants et raccroche pour de bon.

Moi, j'embrasse, c'est le parcours d'un mec entré dans l'armée pour plaire à son père, qui s'est pris l'homophobie de la grande muette en pleine face, en est revenu, a tenté une percée foireuse dans le mannequinat et en a juste eu ras-le-bol des petits boulots alimentaires lui permettant à peine d'envisager une studette à Paris. Il entend parler de l'escorting (ça le fait bien marrer d'ailleurs, dans les hautes sphères on dit escorting mais lui sait très bien que dans un appartement Haussmannien de 350 m2 ou sur un trottoir de Pigalle, la seule différence c'est la thune ramassée, il admet être une pute comme une autre et s'en accommode parfaitement) Sa belle gueule et son corps gaulé comme il faut attirent rapidement le client... on connait la suite.

Un parcours atypique raconté avec honnêteté. Clément Grobotek ne tente à aucun moment de gommer ou d'accentuer quelques côtés que ce soit pour se mettre en valeur ou minimiser la déchéance de la défonce et il n'est surtout jamais moralisateur, c'est ce qui m'a plu je crois.
Finalement aucun regret d'avoir ouvert ce livre, comme quoi partir avec des a priori – défavorables ou non – ne présage jamais de la qualité de ce qu'on va découvrir.
Commenter  J’apprécie          253



Ont apprécié cette critique (25)voir plus




{* *}