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Critique de GwenB2508


« Je voulais une mère avec des épaules pour poser mes joues brulantes. Je voulais un père avec une voix pour m'interdire de faire des grimaces à table. Je voulais un chien avec un passé de chat pour ne pas oublier qui j'étais. [...] Je n'ai pas eu tout ce que je voulais mais je suis là, avec mes zéros, ma vie soldée du jour qui vaut bien ma vie d'absente d'avant. »

Un très court roman, presque une nouvelle, qui frappe par son style époustouflant, d'une rare inventivité, qui sert parfaitement l'histoire. Tour à tour saccadé, brutal, déstructuré quand il s'agit d'évoquer le père violent, et doux et poétique quand il s'agit d'évoquer la mère et le petit frère.

"Je suis d'une fièvre qui perce et dure, jamais ne se repose, ni de cerisaie ni de mains autour. Au cimetière, j'ai des larmes assises sur leur jour d'aimer : Maman est partie. »

D'une langue travaillée, pétrie, façonnée, malaxée, sculptée surgissent des phrases d'une puissance et d'une musicalité rares. Syntaxe et ponctuation sont chahutées à l'image de l'esprit de la narratrice, la jeune Marthe, parfois, au bord de la folie. Les mots s'enchevêtrent pour décrire sa vie cabossée, heurtée, fracassée et tissent un roman âpre et violent d'une beauté saisissante.

« Dans notre ferme, il n'y avait pas beaucoup d'air, nous manquions de terre profonde, mais nous avions des racines qui couraient sans déranger les pierres."

"Chaque sourire me soutient que la vie est bonne, qu'il ne faut pas toujours chercher à comprendre mais relever les coeurs tombés. Quand la tristesse vient miauler dans mes jambes, je la prends sur mes genoux, j'appose mes mains de guérisseuse et je t'offre mon dos rond. Aussi, quand tu pourras, sois fier de ce que nous n'avons pas reçu et qui nous sert d'épines."
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