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Critique de motspourmots


Attention, pépite ! Et dire que j'ai failli passer à côté de ce livre paru en 2014, couronné de quelques prix et fort heureusement replacé sous les feux des projecteurs grâce à sa parution en collection Libretto dont il porte haut les couleurs et le numéro 500. Petit par la taille, grand par l'émotion. Quatre-vingt pages de pure beauté au service d'un récit pourtant dramatique. Une langue inventive, des expressions qui surprennent et retournent. Une syntaxe vivante et poétique. Un petit bijou parfaitement ciselé.

C'est par la voix de Marthe que nous est contée cette histoire, à la fois si banale et si terrible. Marthe habite avec ses parents et son petit frère Léonce, aide à la ferme lorsqu'elle n'est pas à l'école et surtout, tente de protéger tant bien que mal sa mère de la violence de son père.

"Dans mon dictionnaire, je cherche la langue de Papa, comment la déminer, où trouver la sonnette pour appeler. Mais la langue de Papa n'existe qu'à la ferme, hélas. Il nous conjugue et nous accorde comme il veut. Il est notre langue étrangère, un mot, un poing, puis retour à la ligne jusqu'à la prochaine claque".

Dès le début, le lecteur est prévenu, c'est bien à un drame qu'il va assister. Marthe a 16 ans lorsque sa mère succombe sous les coups. Et que par chance, sa rencontre avec Florent lui apprend que les corps peuvent être doux aussi.

"La bouche de Florent descend le long de mes cheveux. Je cherche sur ses lèvres des parents qui s'entendent et se comprennent. Je dois puiser dans cet amour".

Florent et Eschyle sont les deux béquilles de Marthe. Deux promesses d'évasion, l'un avec son amour, l'autre par l'instruction et la connaissance. "J'apprendrai leur grec. J'irai sur l'agora. Athènes sera ma seconde école, ma classe après la classe, l'entrée de mon étagère haut placée".

Marthe déborde de l'amour qu'elle porte à Léonce, son petit frère et à sa mère disparue. Un amour qui cache à peine la haine envers son père désormais emprisonné. Quitter Léonce pour suivre Florent aux États Unis sera une déchirure nécessaire, une façon de se donner une chance d'écrire une nouvelle page.

"Son odeur sur mon ciré, son goutte-à-goutte dans mes veines, naît, parle, éclaire et va chercher".

Là-bas, loin de la ferme, la vie se fait plus légère, plus douce. Marthe étudie, aime, s'épanouit.

"Aujourd'hui, je n'étais pas heureuse sans savoir pourquoi. Demain, je le serai de nouveau sans savoir comment. Je rame, le bonheur est là".

Mais Marthe n'oublie pas. Et lorsque le passé la rappelle, elle ne peut faire autrement qu'agir.

La plume de Nicolas Clément n'est que beauté, sublimant le moindre espace de nature, faisant naître l'émotion à chaque phrase. C'est magnifique.

NB : un grand merci aux Editions Libretto et à Babelio pour cette découverte lors de la soirée de présentation du catalogue 2016. Ravie d'avoir fait le déplacement, rien que pour cette petite pépite !
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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