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Critique de thereadingsession


Petite lettre à La Mort :
Chère Madame La Mort,
Je vous écris ces quelques mots après avoir terminé l'ouvrage que vous avez mis à notre disposition, qui relate, telle une autobiographie, vos vacances prolongées dans notre humble demeure qu'est l'Humanité. Je vous remercie, tout d'abord, de vous être présentée à moi - enfin plutôt à tous les lecteurs. Je vous avoue très honnêtement que je ne pensais pas avoir à vous approcher d'aussi près aussi tôt. Je vous ai croisé déjà, au détour d'une chambre d'hôpital, sur le palier d'une chambre d'EHPAD, lors d'un coup de fil le soir entre deux larmes. Et j'avais une vision de la mort (la mort objet si l'on peut dire) assez étriquée, fermée ; les équipes qui m'entourent se battent contre Vous à longueur de journée... Mais Votre livre était là, posé sur ma table de chevet (vous direz merci à votre porte plume et à l'équipe d'édition du livre !), comme une porte ouverte à la compréhension de votre mission.
Alors j'ai pris mon courage à deux mains. Ni une, ni deux, je tourne la première page du livre. Il faut dire que votre porte plume, Madame Valérie Clermon, vous a remarquablement bien vendu sur cette quatrième de couverture. J'espère que vous ne lui faites pas faire de tour de carrousel trop souvent. Enfin bon, je disais : ce résumé était comme une promesse d'enfin rire avec la Mort, et non pas rire de la Mort (cela n'a pas la même signification, ç'aurait pu être un sujet à discorde). Je vous ai découvert sous un nouveau jour, loin de la terre glacée et des larmes qui perlent sur les joues des endeuillés. Vous m'êtes apparue personnifiée, presque abordable (même si, avouons-le, vous restez un peu effrayante avec vos histoires de carrousel). J'ai suivi avec curiosité vos vacances, qui je dois dire, semblent bien méritées : vous diviser en millier de petites Morts pour aller chercher toutes les âmes choisies, ça ne doit pas être du gâteau ! J'ai aimé vos blagues un peu lourdes (ne me tapez pas), votre franc parlé (Camille a du se tirer les cheveux en lisant tous vos gros mots). J'ai beaucoup apprécié vos histoires sur la mort des Célèbres (très franchement, on savait déjà que Freud était sacrément perché), et votre facilité à parler de tous ces sujets engagés : la mort (ça semble logique tu me diras), la pollution, la maltraitance animale...
Je vous ai vu découvrir les choses de la vie (un peu paradoxal pour La Mort tout de même), vous qui les observiez de loin sans forcément les comprendre ou y prendre part : l'amour, le sexe, la nourriture, l'alcool (souvenez-vous, il faut boire beaucoup d'eau entre les verres), l'amitié et le bonheur de s'accorder des vacances, de ne plus penser à rien d'autre qu'à soi-même. Un peu d'aventure, de la bonne nourriture, de tour de carrousel et un chouille de vengeance (mais pas très méchante, car vous n'êtes pas méchante).
Mais Madame La Mort, votre absence se fait ressentir. Vous régulez (comme votre amie qui s'occupe des animaux, vous lui demanderez de passer le bonjour à Cannelle, elle saura qui c'est) la vie, vous libérez des lits dans les hôpitaux, vous recueillez les derniers souffles des vies remplies et heureuses autant que ceux des vies vides et tristes. Vous soulagez des âmes qui souffrent et pour lesquelles l'acharnement thérapeutique est un fléau (cher lecteur, je m'adresse cette fois-ci à toi, quand tu arriveras à cette scène du livre, ne doute pas qu'une larme dégoulinera le long de ta joue)... Alors quand vous ne coupez plus les fils, on pourrait penser, d'abord, que c'est un miracle, que la Vie gagne contre La Mort ; mais nous finissons débordés, acculés par ces miracles qui survivent suspendus à un fil, et pour lesquels nous ne pouvons pas abréger nous-même les souffrances.
Madame La Mort, merci pour cette prise de conscience. Merci d'avoir donné de la voix (enfin plutôt de l'écrit) et d'avoir dédramatisé le moment où l'on vous rencontre. Je ne sais toujours pas ce qu'il y a dans l'au-delà, ni-même à quoi vous ressemblez réellement ; mais je garderai toujours en tête cette image d'une femme charmante (oui, La Mort est une femme, elle vous explique très bien pourquoi et quand on y pense c'est très logique) et pleine de bonhomie qui me fait un peu moins craindre le moment fatidique. Enfin, merci à Valérie Clermon qui ne manque indubitablement pas de talents, et qui m'a fait beaucoup rire lors de ses échanges avec Vous dans les notes de bas de page.
Lien : http://thereadingsession.fr/..
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