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Critique de fanfanouche24


Je débute cette modeste chronique par un extrait qui explicite l'étrangeté, l'insolite du titre choisi par Patrick Cloux !....
« -Le Grand Ordinaire- est une fabrique de sens, l'envie de rendre plausible d'infinies variations où j'aime me laisser vivre. le titre m' en est venu spontanément, en référence au nom d'un vin. le grand Ordinaire, un bourgogne marginal rouge ou blanc, à boire sans complication. (...) Un vin de table légèrement supérieur en arômes à ces breuvages factices que je ne supporte plus.
Cela déclencha spontanément l'envie d'écrire une longue chronique d'attachement au quotidien si décrié, le lieu même de notre échec à tous, l'endroit de nos plus sûres pannes de vie. (...) C'est l'immédiat qui souvent dans sa candeur me fait écrire, lève une inhibition gelée. » (p. 41)

Une pépite dénichée dans mon « antre livresque » habituelle, la Librairie Tschann , bd. du Montparnasse, de Patrick Cloux, dont j'ai déjà lu avec grand enthousiasme des flâneries littéraires [cf. « Dans l'amitié du merveilleux »] et un hommage joyeux à des libraires passionnés et passionnants, situés aux quatre coins de la France [cf. « Mon libraire, sa vie, son oeuvre »]

Un texte différent… mais qui met toujours à une place de choix l'amour de la littérature, de l'écrit et de certains écrivains , éloignés des tapages médiatiques… Dans cet ouvrage, j'ai savouré le plaisir de découvrir trois noms : Jacques Borel , Naomi Lazard…et Haldas

« Fermés, je me dis que c'est ainsi qu'ils devraient rester désormais, les livres, tous les livres, presque tous, et toutes ces fois où c'est la tentation inverse qui l'emporte. L'admiration, la passion des autres : là aussi , la longue entrave, jamais oubliée, la naissance si longtemps remise. Mortel, ça peut être mortel, je le sais ; je l'ai vécue, cette insatiable curiosité, cette ouverture à la voix des autres, périlleuse, quand on est si peu sûr de sa propre voix, cette réceptivité. Et rien n'y peut : ivre jusqu'à la fin d'accueillir, de découvrir ! [ Jacques Borel, un voyage ordinaire] (p.28)

« L'écrit est source d'une réelle assomption.
A la suite d'un incendie, il y a quelques années, j'ai perdu une partie de ma bibliothèque. le sentiment physique qui m'en reste fut celui sur le coup d'un grand silence qui en moi s'enfonçait. Tant de paroles, annotées, soulignées au crayon, des éditions introuvables aujourd'hui. Rien de compensable en termes financiers, mais terriblement, comme à la mort de quelqu'un qu'on aime, l'absence d'une personne d'élection, très cultivée, ayant une vie pleine d'une mémoire unique, au-delà de celle où nous pataugeons. le sens du livre est logé dans ce vide. (p.136) »
Un écrit que je lis de manière inhabituelle, au hasard, par extraits, avançant, revenant en arrière, relisant tel ou tel passage. A picorer, à savourer, sans retenue !!...

Patrick Cloux , dans ce livre, m'évoque beaucoup l'univers et le style de Christian Bobin. Comme ce dernier, l'auteur-libraire , par ses mots, le vocabulaire choisi, transforme le quotidien, l'infiniment modeste ou anodin, en miracle, en poésie…nous poursuivons son « amitié du merveilleux »…qui ne peut que nous enchanter !
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