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Critique de lebelier


Il est étrange que je sois venu à lire ce « journal » qui est en fait une compilation présentée en fac-simile des carnets de notes de Kurt Cobain –qui comme chacun sait était le chanteur de Nirvana, groupe dit « grunge » de Seattle dans le Washington, qui mit fin à ses jours en avril 1994 – car au départ j'étais parti pour acheter seulement le Journal de Kafka. Mais finalement, le site sur lequel j'ai commandé ces deux ouvrages, étant si bien fait que j'ai cédé aux sirènes du marketing.
Donc nous voilà en présence de l'écriture d'un jeune homme pas très lettré –pas mal de fautes d'orthographe, style qui part dans tous les sens- mais qui a l'avantage du produit brut. On y trouve pêle-mêle, ses brouillons de lettres, ses réflexions sur le monde du showbiz, ses brouillons de chansons, ses penchants politiques, une exploration de ses propres contradictions, des explications sur son addiction à l'héroïne, dit-il seule capable de soigner des maux récurrents d'estomac – j'ai pensé à De Quincey, son opium et son mal de dents – et pas mal de dessins, de projets de pochettes, ses guitares idéales etc. Ce qui ressort de tout cela, c'est la nette sensation que le succès pesait à Kurt –qui refusait de jouer le fameux « Smells Like Teen Spirit », tube planétaire, en live. Les journalistes de rock sont des incapables qui mettent la musique dans des cases (je résume sa pensée) et le bizness une participation tacite au capitalisme qu'il exècre. On le sent tiraillé entre ces deux mondes, sa bande de copains de Aberdeen, idéalistes et amateurs de musique de « révolte » du punk rock, et la reconnaissance internationale qui le force à donner des interviews à des magazines « qu'il ne lit pas .»
Intéressant aussi, est ce processus de création mis à nu, des notes, une liste de mots, des accords de guitares dessinés en tablatures, l'éveil de sa formation musicale : autodidacte qui se met à créer d'emblée sa propre musique pour ne pas subir inconsciemment l'influence de ses prédécesseurs.
Cependant, on a un peu l'impression de violer son intimité (« Rape me, my friend !»), de trahir un secret, d'avoir été rattrapé par le bizness qui fait feu de tout bois. Au long de ces pages, on ressent aussi son envie d'en finir parfois dite de façon tragi-comique en reprenant une chanson des Who : « Hope I die before I turn into Pete Townshend » (« J'espère mourir avant de me transformer en Pete Townshend » ) : Pete Townshend est le guitariste/chanteur /compositeur des Who qui a écrit dans la chanson « My Generation »(1965) : « Hope I die before get old »(J'espère mourir avant de devenir vieux.) Pour lui c'est raté mais pas pour Kurt Cobain.
A faire lire aux amateurs de rock plutôt, les allusions ne sont pas toutes évidentes.
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