À trop vouloir réduire l’école à son rôle de transmission des savoirs, on obère son rôle comme espace de socialisation politique ; mais à trop surinvestir l’école comme une antichambre de la société, on oublie la puissance émancipatrice des savoirs. Comme souvent, c’est sur une ligne de crête que se trouve la piste idoine.
La note est la monnaie de l’école et sa valeur n’est fonction que de l’organisation de l’économie scolaire. La note est donc la valeur attribuée à un travail fourni en contexte concurrentiel.
Soustraire un enfant à l’école publique sans autre raison que nos propres frustrations sur la lenteur de ses progrès, c’est contribuer – même à son corps défendant – à la démanteler toujours un peu plus en occultant l’intérêt du plus grand nombre.
Pour les défenseurs de l'élitisme, les pédagogues deviennent les saboteurs de l'école.
L'école a la mission non pas de préparer au monde déjà là mais d'accompagner celui qui vient, et partant, de contribuer à le transformer.
Le constat est sans appel, nous entrons désormais dans l'ère de la contre-démocratisation scolaire.
Il faut en effet penser le système éducatif dans son entier et réaffirmer la boussole d'une démocratisation.
Émanciper reviendrait donc à favoriser la libre entreprise de soi-même, se dépasser, chercher (et jouir de) l’espace de liberté construit dans l’émulation par la concurrence. S’émanciper serait donc un projet individuel visant à quitter sa condition préalable pour rejoindre le cercle des puissants.
La pédagogie d’un Célestin Freinet est conçue pour l’école publique. Elle est centrée sur le travail et la coopération. Rien à voir avec le simple épanouissement individuel par la réussite prôné par des pédagogies plus individualistes et technicistes.
Montessori est devenu une marque, une étiquette permettant à une certaine bourgeoisie de brandir fièrement son refus de se soumettre aux règles de l’école républicaine inadaptée à ses enfants. L’inadaptation a changé de côté.