On partira des Gaulois, on montrera une avancée progressive vers le meilleur grâce au génie français, on y datera la France comme nation depuis le Moyen Âge et son incarnation dans la geste de Jeanne d'Arc, la Révolution sera l'heureux dénouement d'une monarchie devenue défaillante, dépensière et injuste, et on jalonnera l'épopée de cette France bientôt impériale [on est la fin du XIXe siècle] de grandes victoires ou défaites héroïques (Alésia) menées par des héros incarnant à eux seuls toutes les raisons de nourrir la fierté nationale : ce que l'on appelle aujourd'hui le roman national.
Ce sera l’un des objets de cet ouvrage que de comprendre la genèse et l’institutionnalisation de cette croyance dans les vertus de l’enseignement du roman national, mais aussi de saisir la nature et les finalités des débats autour de cette question
La massification scolaire ne va pas naturellement de pair avec la démocratisation ; des régulations sont nécessaires et la réécriture des programmes en est une
Matière à scandale, matière thérapeutique pour soigner tous les maux de la société, la discipline historique devient le spectacle des angoisses des uns et la solution miracle des autres
Les pressions mémorielles, les concurrences disciplinaires, la dimension thérapeutique ou encore la mutation du monde éditorial scolaire ne vont cesser de s’amplifier dans la période suivante jusqu’à aujourd’hui
La colonisation a été l’oeuvre de la République avec un sytème colonial fondé sur le principe d’inégalités juridiques entre les hommes, de la domination et de l’usage légitime de la violence
une histoire émancipatrice, débarrassée de ses oripeaux identitaires ou de sa surcharge morale et civique ; une histoire au service d’un monde plus juste et égalitaire, bâti par des acteurs et actrices anonymes, animés par la conviction qu’ils et elle sont un rôle à y tenir, eux aussi