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Critique de JeanLibremont


Les romans de Jonathan Coe paraissent au premier abord comme des pastels un peu mievres, sans trop de consistance, et puis on se laisse prendre dans cette atmosphere "so british". J'ai l'air de flinguer, mais j'aime bien l'univers de Coe. Ce qui m'épate avec ses personnages, c'est leur résistance au temps qui passe ou, dit plus prosaiquement, leur peu d'évolutivité psychologique. C'est peut-etre parce que la culture anglaise a partir d'un certain rang social, dont ils sont les archétypes, inculque l'art de ne pas se prendre au sérieux, du recul par rapport a soi-meme, d'etre en meme temps spectateur et acteur de sa vie, ce qui permet une certaine auto-anesthésie par rapport a la souffrance mais, toute médaille ayant son revers, aux joies aussi. L'humour a base d'auto-dérision, quasi obligatoire pour tout sujet of Her Majesty a certainement un role primordial dans tout cela. Et puis la vie des personnages de Coe est invariablement cosy, a l'abri de toute grande souffrance, ce qui les met d'une certaine maniere a l'abri des grandes joies aussi. A l'abri du bonheur ? Seul Jonathan Coe pourrait le dire.


L'immuabilité psychologique des personnages dans ce roman, c'est d'une certaine maniere autour de cela que celui-ci tourne... et que tourne en fait la petite planete Angleterre. Quand Bridget, la femme de Peter qui est une Noire, déballe son ressentiment envers le défunt pere de Peter qui n'a jamais pu renoncer a son racisme latent envers elle et son ressentiment également envers les autres membres de la famille qui ont toujours fait semblant de ne pas voir ce racisme, c'est une critique tres forte de l'attitude de neutralité envers ce qui risque de compromettre le confort psychique. Dans ce roman, en l'occurrence, le racisme du pere mais aussi l'homosexualité du fils. Une attitude que Jack, le frere de Peter, qualifie pour sa part de "philosophie britannique"... A n'en pas douter, c'est une critique des plus gratinées de la part de l'auteur, une critique qui dépasse bien entendu le cadre des personnages du roman et qui est fortement liée a sa détestation de ce que représente pour lui le populiste Boris Johnson. Tout cela ne se découvre vraiment qu'a la fin du livre qui cesse des lors d'etre un innocent pastel pour devenir une féroce critique sociale d'une forme de lacheté ou d'égoisme. Justifiée ou non, c'est a chacun d'en juger.
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