AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mfrance


Quel conteur, non mais quel fabuleux conteur que Jonathan Coe !
En sept tableaux il nous sert l'Angleterre sur un plateau, le tout assorti d'une brochette d'anglais typique.
Et je précise bien d'anglais, car de l'Ecosse, il ne sera pas question, l'Irlande n'étant représentée que sous la forme de quolibets plus ou moins bien sentis ; quant au Pays de Galles, il apparaît comme une nation totalement étrangère et vivement opposée à l'Angleterre, ce socle sur lequel repose le Royaume prétendument Uni, apparaissant de ce fait comme l'oppresseur.

De 1945 à 2020, de la victoire à la crise du Covid, 3/4 de siècle défile sous les yeux du lecteur enchanté. Bien entendu tout ce temps se déroule sous l'emprise de cette monarchie emblématique du pays et qui, soulevant adhésion ou répulsion, en demeure néanmoins l'incarnation aussi bien à l'étranger qu'à l'intérieur de ce Royaume désuni, selon l'auteur !
Du discours du roi George VI le 8 mai 1945 à celui de sa fille Elisabeth II le 8 mai 2020, en passant par le couronnement d'icelle, l'intronisation en tant que prince de Galles de son fils Charles, le mariage de ce dernier avec lady Diana et la mort de la "princesse du peuple", toute l'Angleterre va vibrer, se réjouir, se lamenter et pleurer. Elle va surtout laisser éclater sa joie pour la victoire lors de la coupe du monde de football 1966, où elle va surclasser l'Allemagne lors d'une finale d'anthologie, seul moment où la famille royale ne pèse pas de sa présence sur les événements.

Que d'humour dans cette évocation et que de tendresse également, que de précision dans la relation pointue que l'auteur fait de tous ces événements, et que de talent dans la conduite de ce récit qui mêle la grande histoire de la nation à celle d'une famille qui, au cours du temps s'agrandit, la vie des nombreux personnages influençant plus ou moins le cours des événements contés par l'auteur, qu'il s'agisse de la destinée de l'entreprise Cadbury et de la guerre du chocolat ayant fait fureur sur les bancs de la Commission Européenne à Bruxelles, ce qui donne lieu à une truculente et hilarante retranscription de débats.

De quel oeil acéré Jonathan Coe scrute son pays et ses habitants. Et comme elle est bien croquée cette famille Lamb dont la diversité de comportement des membres explique parfaitement les haines et rivalités qui opposent les êtres au sein de la société en général.
Seul bémol pour moi lors de cette réjouissante lecture. Il est dommage que certains personnages ne soient qu'effleurés, les sauts dans le temps effectués par l'auteur ne permettant pas de suivre leur évolution psychologique. du coup le lecteur est amené à se demander pourquoi diable celui-ci s'est apparié à celui-là !
Je n'en donnerai pour exemple que le personnage de Mary, qui passe brutalement de l'adolescence - au cours de laquelle on perçoit son hésitation entre un fiancé a priori falot et trop réservé, et un jeune homme beaucoup plus séduisant sous tous rapports - à un statut de femme mariée, pourvue de trois enfants, côtoyant un mari avec lequel elle n'a pas grand chose en commun !

Et il est vrai que pour le plus grand plaisir du lecteur, l'auteur nous sert son discours avec une telle verve qu'on en voudrait encore et encore. Eh oui, avec Monsieur Coe, on souhaiterait que cela ne s'arrête jamais !
Allons pour terminer, puisqu'il faut en finir, venez donc savourer une tasse de thé, mais que dis-je, a cup of tea, of course !
Commenter  J’apprécie          261



Ont apprécié cette critique (26)voir plus




{* *}