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Critique de le_Bison


« L'homme ne bougea pas. Au début, elle lut une certaine timidité dans ses yeux, mais cela ne dura guère. Il la regardait, et, en imagination, il la caressait avec sa langue, ils faisaient l'amour, transpiraient, s'embrassaient, mêlaient tendresse et violence, criaient et gémissaient ensemble.
Mais en réalité ils ne disaient rien, ni l'un ni l'autre ne bougeaient, ce qui renforçait son excitation, parce qu'elle aussi était libre de penser ce qu'elle voulait. Elle le priait de la caresser doucement, elle écartait les jambes, se masturbait devant lui, prononçait indifféremment des mots romantiques ou vulgaires, elle avait plusieurs orgasmes, réveillait les voisins, ses cris alertaient le monde entier. »

Extrait du journal du Bison :
Sans but, je me promenais dans la rue de Berne. le soleil de cette fin de printemps illuminait encore la ruelle genevoise. Les parasols des bars étaient encore ouverts. Quelques touristes prenant une coupe de champagne ou un Lagavulin 16 ans d'âge tout en offrant un verre de jus de fruit frais à quelques dames - à peine plus âgées que le Lagavulin -, brésilienne, slovaque, nigérienne. Poupée blonde de l'Est, poupée noire de l'Afrique, poupée dansante d'un Brésil samba. Il fait encore bon à cette période autour du lac de Genève. Les congrès reprennent leur routine avec la fin des vacances, l'animation sera plus chaude dans les travers de la ville.

Je l'ai vu, âme solitaire attablée au Copacabana. Un sourire à m'en exploser le coeur. Avais-je assez de billets dans ma poche pour m'offrir ce sourire et ce cul ? Mes pas s'approchent de sa table, comme si une attraction magnétique attirait irrémédiablement mon corps vers le sien. D'un regard, elle m'envouta, Maria, belle fille d'une lointaine province éloignée de Rio. Maria, jeune fille frêle et innocente, qui a fait le choix de louer son corps pendant une année pour s'offrir un parfum Kenzo, un restaurant de crustacés, une ferme au Brésil. Hypnotisé par son regard et par son sourire, je l'écoute en silence me parler de sa vie, de son métier, des choix à faire, de ses choix. Qu'en est-il des miens ? J'ai l'impression de n'avoir jamais fait de choix dans ma vie, de me laisser porté par elle. J'ai le sentiment de ne pas vivre.

Je la prends par la main, règle les 300 francs d'usage au patibulaire derrière son comptoir. Hey, taxi. « L'hôtel Ibis, s'il vous plait ». Chambre 222. Je demande au groom de tirer les rideaux pour se retrouver dans la pénombre et de me monter une bière pas trop fraiche. Il revient avec une bouteille 75cl même pas belge ! Manque de saveur, et d'épices. Mais les épices dansent devant moi, nue et belle, les cheveux noirs détachés. Je goûte à son parfum, à ses courbes, à ses effluves parfumées de sueur et de désirs. Je la caresse, l'embrasse, la bouche, les seins, le sexe. J'y glisse ma langue, mon majeur, mon sexe. Va et vient. Jeux de doigts, jeux de mains, jeux de sexe. La baise est un jeu, un moment où des émotions se partagent, ou des échanges se font, dans le regard, dans les fluides, dans l'âme. Un mélange de transpiration et de respiration, des halètements, des murmures, des gémissements, une symphonie qui se compose entre deux draps, à deux ou à plusieurs. Un mamelon qui pointe, un sexe qui se dresse, chaire de poule, chaire d'envie. A quoi pense-t-elle pendant ces instants de plaisir ? J'appuie sur la télécommande de la platine disque, Keith Jarrett, le Köln Concert, la musique idéale pour faire l'amour. Je la regarde droit dans les yeux alors qu'elle me chevauche, mes mains sur ses hanches. Quelle couleur, ses prunelles ? Je ne m'en souviens plus. Je la regarde mais ne la vois pas. Je la regarde les yeux dans son âme, je veux ressentir son intérieur à travers le pétillement de ses pupilles. Cette fille est complètement folle, mais elle me rend complètement dingue. Excitante, désirable, bandante. Les ébats s'achèvent dans un lit inconnu aux draps froissés. L'heure au sourire, à la timidité, l'envie de reprendre un rendez-vous, de recroiser son regard. Elle regarde son agenda. Je regarde celui de l'hôtel Ibis. Ce n'est qu'un début. Une pute de luxe se mérite et se respecte. Je suis prêt à attendre, patience ardente. Est-elle prête également, je n'ose lui demander…

« Ses doigts à lui tracent des cercles autour de son sein, à la manière d'un animal aux aguets. Elle voudrait qu'il bouge plus vite, qu'il touche son mamelon, sa pensée anticipe sur son geste, mais, peut-être que le sachant, il la provoque, se délecte, et tarde infiniment. Ses mamelons dressés, il joue un peu avec, elle a la chaire de poule et son sexe fond encore de désir. Maintenant il promène ses doigts sur son ventre, descend vers ses jambes, ses pieds, ses mains parcourent l'intérieur de ses cuisses, il perçoit sa chaleur sans s'en approcher, c'est une caresse douce, légère, d'une légèreté hallucinante. »

« 11 minutes » de bonheur, de sexe, d'amour et de liberté. La liberté, c'est oser vivre selon ses choix, dans l'amour de soi, de ses actes, de ses proches, sans relations faussées, et dans le respect d'autrui. C'est quand on se sent bien dans sa peau, dans sa tête, quand les dépendances ne sont plus, et quand la vie suffit à tout. Je ne sais plus qui a prononcé cette phrase mais certainement une personne à connaître, une personne ancrée dans la vie et la réalité des sentiments.
Quel bonheur ce livre de Paulo. Pourquoi s'évertuer à battre des records alors que onze minutes suffisent à la plénitude de l'âme. En 11 minutes, je peux parcourir 2,658 km, le souffle court, le corps en sueur. Mais depuis ce roman, je sais qu'il n'est plus nécessaire de courir cette distance pour emballer mon coeur et mouiller mon corps de perles salines. Un lit, une pute, ma pute et le bonheur est total. Franchement quel pied ce Coelho.

« Elle se met à le caresser comme seules les vierges savent le faire, parce que les prostituées ont oublié. L'homme réagit, son sexe grossit, et Maria augmente lentement la pression de ses mains, sachant maintenant où le toucher – plutôt en bas qu'en haut -, comment l'envelopper de ses doigts, tirer la peau en arrière. A présent, il est très excité. Il caresse les lèvres de sa vulve, toujours avec douceur alors qu'elle a envie d'un contact plus énergique, plus profond. Mais il répand sur son clitoris un peu du liquide qui jaillit de son ventre, et répète tout autour les mêmes mouvements circulaires que sur son mamelon. Cet homme la touche comme si c'était elle-même. »

Extrait du journal de Maria :
Il faisait encore nuit et chaud sous ma couette, seule, enfin presque puisqu'il s'est invité sous mes draps, mais comment résister à de si belles et si grandes mains ! Alors j'ai refermé les yeux. Ma main droite s'est posée sur mon ventre et la tienne a pris le relai. Je l'ai prise, j'ai baisé le creux de ta main et fait glisser ton majeur dans ma bouche en mouvement de va et vient. Que j'aime ce geste ! Que j'aime cette main sur mon visage ! J'étais prête à te recevoir mais j'avais besoin de sentir ce doigt dans ma bouche avant de le sentir au creux de mes reins. Alors ta main impatiente à glisser précieusement le long de mon cou, elle s'est arrêté un peu, beaucoup, passionnément sur mes seins endurcis par le plaisir et puis elle a continué sa route vers mon ventre. Pas trop vite, nous avons tout notre temps. La décharge électrique commence à me déconnecter de la réalité, j'ai très envie, alors j'écarte mes cuisses et je replie ma jambe gauche, ta main est venue se poser sur mon sexe offert et mouillé et tes caresses ont commencé lentement, délicieusement, presque douloureusement. Quand le désir est intense, la douleur est presque là mais j'aime ça, ne t'arrête surtout pas. Ton majeur a commencé son mouvement de va et vient puis circulaire, de va et vient puis circulaire, de vaaaaa et viiiiennntttt puis circulaire. C'est maintenant moi qui suis pressée, je ne tiens plus sous tes caresses, mes hanches se lèvent et se cambrent, j'en veux plus, mais tu calmes le jeu, juste pour mieux reprendre. Mon ventre commence à faire des spasmes, je mords ma lèvre inférieure pour me retenir encore un peu, je ne tiens plus.
Va et vient circulaire. Vaaa et viiient cir culaire… vaaaaa et vieeennnnnttt Cir Cul Aireeeeee…
J'inspire, je suis enfouie en toi, j'adore, puis tu reprends le rythme et tu accélères de plus belle et j'en peu plus, VAAAAAA Viiiiiieeeennnt Aireeeeeeeeeeeee, ma main s'agrippe fort à ta nuque, Encoooooooore ! Vaaaaaaa Viiiient, Vaaaaaaaa et j'exulte mon orgasme…. J'expire dans ton cou, le souffle court, je te serre fort, les larmes de joies coulent mais je suis sereine et bien. Je me sens toujours belle après un orgasme. Ta main se pose sur mon ventre, me calme et je me colle à toi, un peu gênée d'avoir cédée si vite en solitaire et en égoïste.
J'ai joui. Merci, c'était si bon !

« Il allait et venait, accélérait ou ralentissait le rythme, s'arrêtait quelquefois pour me regarder à son tour, mais ne me demandais pas si j'aimais, car il savait que c'était la seule manière pour nos âmes de communiquer à cet instant. le rythme s'est accéléré, et je savais que les onze minutes touchaient à leur terme, j'aurai voulut qu'il continuât toujours, c'était bon – ah ! mon Dieu que c'était bon ! – d'être possédée et de ne pas posséder ! Tout cela les yeux grands ouverts, et j'ai noté les moments où nos perceptions se sont brouillées, on aurait dit que nous entrions dans une autre dimension, où j'étais la Grande Mère, l'univers, la femme aimée, la prostituée sacrée des anciens rituels qu'il m'avait expliqués devant un verre de vin et un feu de cheminée. J'ai pressenti son orgasme, et ses bras ont agrippé les miens, les mouvements sont devenus plus intenses, et alors il a hurlé – il n'a pas gémi, il ne s'est pas mordu les lèvres, il a hurlé ! Il a rugi comme un animal ! »

« 11 minutes » courtes mais intenses.

Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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