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Critique de MartinEden87


Lassée des infidélités de son mari - le peintre Adolphe Taillandy - Renée Néré demande le divorce. Promise à la base à une carrière d'écrivain, elle doit se résoudre, pour des raisons pratiques et pour survenir à ses besoins, de travailler comme danseuse, en pratiquant la pantomime dans des cafés-concerts et théâtres. Elle rompt ainsi avec le milieu bourgeois où elle évoluait jadis, afin d'embrasser une vie de bohème, délestée de ses responsabilités d'épouse, n'ayant de compte à rendre qu'à elle-même. Mais c'est sans compter l'apparition soudaine d'un admirateur, en la personne de Maxime Dufferein-Chautel - jeune rentier éperdument épris de Renée. Si elle succombe, dans un premier temps, à ce nouvel amour. L'annonce d'une tournée à travers la France semble sonner le glas de leur relation. Une question se pose à elle désormais. Va-t-elle de nouveau rentrer dans le rang en épousant Maxime ? Et risquer de s'exposer à la souffrance qu'engendre la vie avec un époux adultère. Ou choisir l'oisiveté de la vie sur les routes, devenir une vagabonde. Dit plus simplement : se choisir elle-même.

Première incursion, pour ma part, dans l'univers de Colette. « La Vagabonde » s'inspire en grande partie du mariage malheureux qu'a connu l'écrivaine avec Henry Gauthier-Villars dit Willy (écrivain, journaliste, critique musical) qui cumulait les relations adultères.

Sous ses atours progressistes et avant-gardistes, le récit semi-autobiographique de Colette sera probablement perçu avec une grille de lecture contemporaine comme étant : un des exemples de récit « pionnier du féminisme ». C'est oublier un peu rapidement, tout le mépris qu'inspirait à l'écrivaine, les revendications des suffragettes.

Non, à travers le personnage de Renée, c'est la revendication de son droit personnel de frayer son chemin particulier, que Colette met en scène. Elle a parfaitement conscience du prix à payer pour bénéficier de cette indépendance. Ce n'est ni un livre militant, ni une injonction à suivre la destinée qu'elle s'est elle-même forgée. le déclassement social, les privations, l'impossibilité pour Renée de se dégager du temps pour écrire. Elle accepte tout ceci de bonne grâce.

« La vagabonde » est aussi un livre qui rend hommage au music-hall, aux artistes et ces gens du spectacle qui font le choix d'une vie en dehors des conventions sociales. le tout sublimé par une plume jamais avare en métaphores qui imprègnent les sens, et qui comptait Marcel Proust parmi ses admirateurs.

Colette donnera suite aux péripéties de Renée dans un autre livre (L'entrave) qu'il me tarde de découvrir.
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