Velibor Čolić est un auteur né en Bosnie en 1964, et enrôlé de force dans l'armée en 1992 ; avec une telle biographie, on ne peut que s'armer de courage pour se lancer dans
Les Bosniaques, divisé en trois partie : les hommes, les villes et les barbelés.
Et bien que prévenue en amont, j'ai tout de même trouvé la lecture déchirante. L'auteur y égrène une sorte de nécrologie des Bosniaques, des Croates et des Serbes, qui partagent tous la même langue et la même terre, mais pas la même religion, terreau fertile à un discours sur des ethnies qui seraient différentes et qui pourraient s'entretuer. Si l'objectif final n'était pas de s'anéantir les uns les autres, on pourrait presque s'émerveiller de la créativité et des efforts déployés : snipers, obus, incendies, viols, égorgements et j'en passe...Au sein de ce chaos, alcool, violence inouïe, tueries, snipers et blagues cyniques se répètent sans fin.
Les belligérants ne se sont pas contentés de détruire les hommes, puisqu'ils ont aussi rasé des villes : un moyen toujours efficace pour altérer la mémoire et réécrire sa propre histoire afin de mieux justifier ses actes, et de nier la présence d'autres protagonistes gênant pour l'ambition de certains.
Un texte absolument poignant qui ne peut laisser de marbre, et qui montre ce que la Bosnie a perdu durant la guerre des Balkans, et les terribles divisions qui n'ont pas été surmontées et qui la menacent toujours d'implosion aujourd'hui.
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