On peut brûler des objets, mais pas des souvenirs.
- Donc voilà, je ne me mets plus la pression là-dessus.
- Ouaiiiis !! Il faut AIMER SON CORPS !
- Euuuh...
Pour l'instant, ça reste un complexe. Mais je travaille là-dessus, pour que ça cesse de l'être. Après, "aimer son corps", c'est une sacrée injonction quand on y pense. Moi, mon but, c'est de ne pas le détester et de me sentir bien dans ma peau.
- Bonjour, je n'ai aucun problème avec mon corps.
- Euuuh... D'accord... Mais moi je suis votre banquière, alors est-ce que je peux faire quelque chose pour vous ?
- Non, pas spécialement.
Franchement, je n'ai pas l'intention d'aller bien plus loin que ça. (p.210-211)
- Donc : TOUT VA BIEN. Vous n'êtes pas "en retard sur la vraie vie", c'est parfaitement normal d'avoir des périodes un peu nulles, ça arrive à tout le monde.
- C'est moi ou ça devient une session thérapie, là ?
- Silence et apprécie ma grande sagesse.
On a une pression incroyable pour nos études, parce qu'on croit qu'elles vont déterminer nos vies. (spoiler alert : pas vraiment)
On perd des ami.e.s. On se remet énormément en question. [...]
Et pour ma génération, en bonus, on a le COVID et le réchauffement climatique qui n'arrangent rien. Donc c'est peut-être pas le sommet de nos vies. (p.201)
En fait, comparée à la flemme, la procrastination touche pas mal à l'INCONSCIENT. Il y a souvent de vraies raisons à cette paralysie qui ne sont pas toujours faciles à identifier : c'est un peu le dessous de l'iceberg.
Dessus : "Je le ferai plus tard"
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Dessous :
- Ce ne sera pas assez bien.
- Je n'en suis pas capable.
- Je n'ai plus envie de faire ça.
- Ca n'a pas de sens de faire ça.
(p.170)
Bien sûr que ce serait mieux sans [médicaments]... en fait, ce serait mieux sans DÉPRESSION tout court. Mais puisqu'elle est là maintenant, je veux bien utiliser les aides mises à ma disposition.
Sinon c'est comme dire :
- Mais ce ne serait pas mieux SANS béquilles ?
- Bah c'est-à-dire que ça m'aide à avancer au quotidien, quoi... J'aurais vraiment du mal à faire sans...
- Ouais mais c'est ARTIFICIEL. Peut-être qu'avec plus d'efforts...
- Mais c'est débile ! Je vais pas rester en difficulté juste à cause de tes préjugés sur les unijambistes ! (p.164)
La dépression agit comme une lentille déformante qui filtre la réalité et n’en garde que les mauvais côtés.
L'autrice nous raconte par tranches de vies son évolution sur trois ans, si je compte bien, à travers la fin du lycée, le début des études, le COVID... Avec une compagne de toute inattendue : la dépression. La narration est légère, fluide, et le dessin est simple et léger, pour un sujet qui ne l'est pas forcément.
On suit la narratrice à travers les différentes étapes, de la découverte de sa dépression à son apprivoisement en passant par les moments de blanc, l'incompréhension des proches, les fêlures des gens autour...
J'ai beaucoup apprécié ce récit, surtout en tant que personne souffrant de dépression, je m'y suis beaucoup reconnue. J'ai un peu regretté le côté un peu "strip", on sent parfois que effectivement, le matériau de base vient d'Instagram, mais c'est un point sur lequel on passe assez facilement.
100 ans plus tard, nous y revoilà :
Un mec a mangé le mauvais animal, et la face du monde en est changée.
….au cerveau qui produit des pensées vraiment horrible….