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Critique de AnneMarieLA


Une estancia dans l'immensité sèche, aride et inhospitalière de Patagonie, coupée du monde, perdue au milieu de nulle part, battue par le vent et la poussière.

Dans cette estancia, 4 personnages : la mère et ses 4 fils rarement désignés par leur prénom mais par leur place dans la fratrie : :les aînés« : les jumeaux »   Mauro et Joachim, ; « l'idiot » ;Stefen  et « le petit » : Rafaël , personnage central du roman . Nulle tendresse dans ce terme : « le petit » . Au contraire, une connotation de faiblesse et de mépris, car l'enfant est le souffre douleur des aînés, qui assouvissent sur lui un désir de domination dont les prive leur totale dépendance à leur mère .
le premier chapitre du roman – poignant et inoubliable- plonge d'emblée le lecteur dans la cruauté de leur jeux et dans leur rapports bourreaux/victime .

Une mère, ou plutôt une génitrice , « Elle les déteste tout le temps, tous. Mais ça aussi, c'est la vie, elle n'a pas eu le choix. Maintenant qu'ils sont là. Parfois elle se dit qu'elle aurait dû les noyer à la naissance, comme on le réserve aux chatons dont on ne veut pas ; mais voilà, il faut le faire tout de suite. Après, c'est trop tard ».
Sorte de « gorgone tout droit sortie de l'enfer »,  elle n'est là que pour aboyer des ordres, les rabrouer et leur distribuer le travail .

De temps en temps, pour vendre du bétail, une incursion dans une petite ville et dans son saloon, où la mère brûle de sa passion du jeu et où elle est contrainte de vendre Mauro pour honorer sa dette au jeu .
Un père, absent, disparu. On apprendra de quelle façon ….
La forme chorale du roman, où alternent les voix des protagonistes permet de mesurer l'enfer dans lequel chacun est prisonnier .

Dans le huis clos de ce western familial, la menace ne vient pas d'un ennemi extérieur mais du sein même de la fratrie .
Comment échapper à la peur quand on est, comme Rafaël, un enfant vulnérable de 7ans qui n'a jamais entendu le mot bonheur ? «  L'estancia est sa destinée et son tombeau. Seul le bétail est important, et le travail de chaque instant, l'infinie répétition, lassante et rassurante »
Comme un adulte, soigner le bétail, tondre les moutons, organiser la transhumance, en silence, toujours aux aguets ; résister à la fatigue, aux coups ; tirer les leçons de ses épreuves, s'endurcir, se faire une alliée d'une nature inhospitalière, seront ses manières de résister et de se construire.
Un enfant humilié, battu mais qui refuse l'asservissement et reste debout
Ses seuls instants de paix , il les trouvera dans la compagnie de son chien et sur son cheval , dans l'ivresse des galops éperdus au sein des grands espaces.

Roman de l'enfance meurtrie, Il RESTE LA POUSSIERE est un magnifique et poignant thriller familial qui, sans pathos, vous agrippe, ne vous lâche plus et vous vrille le coeur .
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