Trekkings autour des grands sommets

De cette histoire et des ces héros fous, il ne reste plus qu'une chanson de geste, dont les mots sont de pierre, dont la musique est faite de lumière, d'odeur et de vent. Et puis, dressés dans le bleu du ciel, tout en haut des socles que la nature a façonnés de ses doigts de géant pour ceux-là même qui n'étaient que des hommes, les sarcophages du souvenir...

Il n'y avait pas longtemps qu'elles étaient là, juste quelques million d'années. Mais elles avaient déjà marqué l'humanité de leur présence, de leurs hauteurs. En leur compagnie, on parcourait des pages et des pages d'un livre secret, passant du vert saturé des collines au blanc éblouissant des sommets. L'Annapurna se retrouvait souvent au cœur de ces lectures là. Avec cette cime, se préparait, une histoire de marche, de rencontres, et d'émotions.

Dix-huit octobre, vers dix-sept heures. Le crépuscule ne va pas tarder à envahir Katmandou. Notre chauffeur vient de ressurgir de la grande liturgie de Dassain, il est donc temps de prendre la route. Nous traversons les rues de Thamel. Aussitôt un mélange de bruits, de couleurs, d'odeurs, nous envahit. Cacophonie des Klaxons, sollicitations des rickshaws, frôlement des saris, tapis tendus aux balcons, poussière soulevée par les gens et les machines. Et puis au dessus de la mêlée, des odeurs qui montent et qui insistent, qui persistent et qui s'incrustent. Essence, ordure, betel, légumes, effluves de toutes sortes rejoignent dans le ciel, les milliers de cerfs-volants de ce jour si important pour les hindouistes. Nous n'avons pas le temps d'en profiter, nous partons pour le Népal oriental, pour une odyssée de quelques trente heures de bus. Sur la porte d'entrée, Kali nous fixe, protégera-t-elle ce bus ? Dernière vision d'une grande capitale qui s'enroule dans sa couverture orangée et nous filons vers l'est.