Beauté classique en mire..., tome 3

"Préface
Laïty NDIAYE

Il ne faudrait surtout pas se fier au titre qui peut faire entrevoir un recueil de poèmes de bout en bout enfermés dans une approche prosodique de l'objet poétique et sans ouverture sur le modèle contemporain brut et débridé…

Beauté Classique en mire… n'est pas de ce esprit-là car même si les 70 textes de l’ouvrage sont d’un style de facture classique, (alexandrins, souvent en quatrains et en rimes croisées) il a néanmoins un fort accent moderne avec une quasi-absence de ponctuation qui correspond au lexique « hybride » employé et aux libertés en écriture que l’auteur s’est accordées, le tout dans des structures à la fois narratives, descriptives, effleurant parfois un certain hermétisme.

Composé à partir de ses banques de textes, "ses pavés indigestes" comme il les appelle dans la présentation qui précède, Didier Colpin s’abandonne à une écriture contemplative et introspective sur des thèmes qui habitent le poète qu’il est (la Mort, la Femme-Amour, la double relation passé-présent, la guerre, la Bible, la religion, l’art et le rock…) mais on peut encore citer le rêve, la condition humaine (fatalité, vanité, réalité, narcissisme...).
Ceci dit :
• l’amour en tant que thème privilégié du recueil (et de l'auteur surtout !) est rarement « exalté »,
• la mort -deuxième muse du poète- n'est nullement crainte.
Elles sont en revanche (avec le reste) des leviers didactiques qui ont en ligne de mire un certain nombre de questions qui interpellent hautement l'auteur et qui sont susceptibles d’atteindre le lecteur.
Et derrière ces belles amplitudes créées autour des thèmes, le recueil -relativement vaste- nous offre quand même des virages maitrisés qui gardent éveillé l’intérêt de celui-ci.

Beauté classique est surtout déroutant en cela que Didier Colpin n’hésite pas à travers chaque poème à renouveler sa posture : elles vont du réalisme à l’imaginaire, en passant par la prédiction, l’onirisme, les hommages, des réflexions, des enseignements philosophiques, des prières, des partages d’expériences et de leçons de vie.

Je vais terminer en soulignant les deux derniers vers de la dernière strophe du poème « Vouloir espérer… » qui illustrent bien ce qui ressemble fort à une invitation de l’auteur adressée à tous. :
« Il se meurt l’olivier -disparu son rameau-
Qu’augure dans le ciel cette noire colombe
Ma plume veut crier par ce timide mot
Que l’espoir sait survivre à tous il nous incombe
De toujours le chérir de proclamer le beau… »

Une façon d’indiquer que dans le cadre de nos rapports lesuns avec les autres et de notre approche de la vie sur terre il nous faut TOUJOURS placer la Beauté dans le viseur des intentions.

Beau, ample et riche recueil.

Laïty Ndiaye - Novembre 2019


« Laïty Ndiaye : l’écrivain poète devenu instituteur de brousse ». Ainsi commence sa biographie sur le site de L’Harmattan, son éditeur au Sénégal.
Né à Agroville en Côte d'Ivoire, tout comme l'ensemble de ses frères et sœurs, c'est en 2001, à la veille des violences politiques, que Laity Ndiaye et sa famille rentrent au Sénégal, la terre de leurs ancêtres. Etudiant de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, il y obtient sa licence en langue anglaise en 2013.
Toujours en 2013, il est le lauréat du concours international de poésie « Poésie en liberté ».
Laïty Ndiaye est l’auteur de plusieurs recueils dont "L'apocalypse", pièce de théâtre en vers, et il publié dans des revues littéraires ou culturelles telles que «17 secondes», « Incertains regards», « Le Capital Des Mots », « Lichen » ou «La Cause Littéraire ».
Il est également à signaler qu’il co-anime la toute nouvelle revue de poésie "Ressacs" dont le premier numéro est de mai 2019."