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Critique de Isa0409


🚬“INES. Je peux fumer ?
HENRI. Si vous pouvez vous en empêcher ce serait mieux.
SONIA. Quelle mouche te pique, tu plaisantes ! Fumez Inès, bien sûr !
HUBERT. Personne ne fume, pourquoi veux-tu fumer !
SONIA. Elle peut tout à fait fumer, Henri dis lui qu'elle peut fumer !
HUBERT. Nous sommes chez Henri, Ines n'a aucune raison de fumer. D'autant que fumer n'est pas une nécessité pour une femme.
INES. Je ne fume pas.
SONIA. Inès, je vous demande de fumer.”
(P. 75-76)

🚬 Il suffit d'un appartement parisien, d'un collant filé, d'un rendez-vous mal pris, d'un enfant qui ne veut pas dormir, d'une pomme et de quelques biscuits au chocolat, et d'une théorie cosmologique foireuse. Voilà les ingrédients parfaits pour que l'interaction entre quatre personnes donne des étincelles … ou pas. Dans cette pièce de théâtre livrée en trois actes qui représentent en effet trois versions de la vie, Yasmina Reza explore trois réactions possibles à une même mise en scène, à un même scénario. En tant que professeure, l'auteure se livre à une expérience inédite, et fait de ses personnages des petits rats de laboratoire livrés à leurs propres faiblesses.

🚬 A travers ce jeu, ce triptyque tragi-comique, Reza met en évidence la vacuité du langage, l'hypocrisie et l'égocentrisme de l'être humain qui se contemple et s'y complaît, sa tendance naturelle à commenter ce que fait autrui sans jamais se remettre en question. Théoriser sur des principes scientifiques pour vanter sa surpuissance et révéler ainsi l'impossibilité de se contenter de ce qu'on a, séduire son audience ou la femme d'autrui, tergiverser sur le principe d'autorité sans être capable de coucher un enfant de six ans, voilà tout autant de vaines tentatives de donner un sens à sa vie, une ligne droite, un fil rouge, un motif pour avancer. Alors que l'être humain devrait se nourrir d'aspirations et de transcendance, il n'a sous la main que quelques Apericubes et un Sancerre qui, plutôt que de le rendre ivre, l'abrutit totalement. A méditer ?

🚬 Reza, comme à chaque fois que je la lis, livre une vision cynique et piquante de l'être humain en mal de vie… incurable ?

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