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Critique de BazaR


Je connais peu Condorcet. Je le voyais surtout comme un mathématicien qui s'était un peu engagé en politique. A la lecture de ces extraits de lettres, je pense qu'il faut inverser les subordonnées.

Le livre propose quatre extraits de lettres qui permettent de voir l'évolution de l'homme bousculé par la tourmente de la Révolution. Quatre extraits qui montrent surtout l'attachement de l'homme à l'arrivée d'une égalité sociale parfaite entre hommes et femmes, supportée par une instruction gratuite pour tous.

Les Lettres d'un bourgeois de New Haven à un citoyen de Virginie ont été publiées en 1787. Condorcet s'identifie à un citoyen de New Haven (dont il est citoyen d'honneur) qui écrit à Thomas Jefferson, auteur de la Déclaration d'indépendance de Virginie, ancien ambassadeur en France et futur Président des États-Unis d'Amérique. A cet époque, l'auteur défend l'égalité des sexes en appliquant des raisonnements logiques qu'il doit beaucoup pratiquer en mathématiques. Il s'agit encore seulement d'essais.

Puis la Révolution advient et Condorcet s'y engage pleinement. Il peut enfin défendre ses idées d'égalité et d'instruction en proposant des projets de lois. En 1790, à l'époque de la lettre Sur l'admission des femmes au droit de cité, l'ennemi est encore l'Ancien régime et les différences entre Républicains paraissent négligeables. Mais la situation évolue vite. Les ambitions personnelles, que certains veulent appuyer par des moyens définitifs (procès politiques, peines de mort) se dévoilent. Dans ce tourbillon, Condorcet reste fidèle à ses idées d'égalité universelle, et combat les lois adoptées qui « violent le principe d'égalité des droits en privant tranquillement la moitié du genre humain de celui de concourir à la formation des lois, en excluant les femmes du droit de cité ». Il m'apparaît combatif, mais surpris de la tournure que prend la Révolution.

En 1794, à l'époque des Conseils à sa fille, l'homme a bien changé. Condamné, obligé de se cacher, il lui reste peu de temps à vivre. Condorcet doit alors être dégouté de l'arrivée de la Terreur. Pour lui, la Révolution est trahie, gâtée par les ambitions des uns et des autres. Il n'a plus d'espoir pour lui-même. Pourtant, sa lettre le montre fidèle à ses idées utopiques. Il recommande à sa fille de ne pas être dépendante, d'être instruite, de ne pas tomber dans l'élitisme et cultiver la bienveillance, de rester humaine y compris envers les animaux. Il ne semble pas atteint par la colère et l'envie de vengeance envers ses tortionnaires.

C'est assurément une belle âme que nous montre ce petit livre. Une vision dont le monde aurait à nouveau besoin aujourd'hui.
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