AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Polomarco


Officier de marine marchande, Marlow raconte l'aventure qu'il a vécue au cours d'une mission en Afrique.
Plusieurs années plus tôt, il est chargé par sa compagnie de ramener en Europe un certain Kurtz, chef d'un comptoir britannique dédié au trafic de l'ivoire, et dont on est sans nouvelles. Marlow s'engage alors dans une longue et lente remontée d'un fleuve -qui n'est pas identifié, mais qu'on imagine être le Congo. Il finit par trouver Kurtz malade et moribond et découvre un personnage fantasque, qui s'est "ensauvagé" au contact des indigènes. Kurtz exerce sur eux un ascendant très fort et ils s'opposent à son départ. le récit comporte plusieurs points communs avec l'Adieu au roi, de Pierre Schoendoerffer.  

Une lecture que j'ai trouvée exigeante. A l'image des eaux troubles du fleuve Congo, le récit n'est en effet pas toujours limpide. Beaucoup de mots abstraits y côtoient des réflexions de Marlow. Certains faits sont suggérés plus que décrits : exemples de l'attaque avec les flèches (page 116) et des poteaux ornés de "boules rondes sculptées", qui sont en réalité des crânes (page 129). le mot "ténèbres" est utilisé au sens propre (la voix de Kurtz émanant "du coeur de ténèbres impénétrables" - page 116) et davantage au sens figuré (référence à l'un des cercles de l'Enfer de Dante - page 66).
A ce titre, il apparaît que la navigation sur le fleuve consiste à la fois en la recherche de Kurtz, dans une nature luxuriante, sauvage, inhospitalière, et en la découverte de la nature humaine et de ses vils instincts, notamment celui de la domination, du mensonge et d'autres "inavouables secrets" (page 148). On notera la charge de l'auteur contre la colonisation, qualifiée d'imposture philanthropique (page 80), et dont l'ambition est ironiquement associée aux expressions "feu sacré" et "noble cause". Mais il n'est pas question de racisme ; Joseph Conrad se contente d'observer le frottement, voire le choc, de deux civilisations : "Ils braillaient, sautaient, pirouettaient, faisaient d'horribles grimaces, mais ce qui faisait frissonner, c'était bien la pensée de leur humanité -pareille à la nôtre- la pensée de notre parenté lointaine avec ce tumulte sauvage et passionné" (page 101).

Difficile de faire toute la lumière sur une nouvelle dans laquelle l'auteur nous emmène, a fortiori, au coeur des ténèbres.
En dépit de nombreuses critiques élogieuses, je suis un peu resté sur ma faim.
 
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}