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Critique de Ode


Ode
03 novembre 2015
Décidément, sous leur couverture discrète, les éditions Buchet Chastel recèlent des trésors d'écriture et je tiens à les remercier, ainsi que Babélio, pour l'envoi de ce petit livre au contenu remarquable.

N'en déplaise aux amateurs de surnaturel, l'Ateliers des morts n'a pas de vocation ésotérique. Daniel Conrod y dresse le portrait choisi de cinq personnes de sa famille, pour un règlement de compte ou un hommage post-mortem. Une façon d'exorciser le passé en leur écrivant ce qui n'a pu leur dire de leur vivant. Soit parce qu'il n'a pas eu le courage de le faire, comme avec son père, soit parce qu'il ne les a pas ou trop peu connus, comme cet oncle mystérieux qui hante le vécu familial

Chaque chapitre est ainsi consacré à un mort :
- Son frère aîné décédé d'un cancer à 50 ans
- Sa mère, « la sainte », elle aussi emportée par un cancer alors qu'il était tout petit
- Son père, homme violent et honni, surnommé « l'ours » par sa seconde épouse
- Son oncle maternel, le prêtre obscur, collaborateur, espion et séducteur, dont le passé trouble est comme un abcès de honte et de non-dits dans la famille
- Sa demi-soeur prématurée qui ne vécut que 7 heures, oubliée de tous, mais pas de l'auteur qui a fait d'elle son âme soeur, son ange gardien, sa compagne de tous les instants, parce que « ni la mort ni la vie ne sont infranchissables ».

Bien sûr, notamment lors du premier portrait qui décrit sans fard les ravages du cancer en phase terminale, il faut avoir le coeur bien accroché pour parcourir ces pages, qui m'ont rappelé de bien pénibles moments. Mais c'est le pouvoir des mots et de l'écrivain de toucher, à partir d'une histoire qui semble personnelle, le propre vécu des lecteurs.

Si ce n'est le chapitre consacré à l'oncle, un peu poussif, qui aurait pu gagner en concision et en intensité par une reconstitution chronologique de son passé, ce livre se lit très vite, comme un témoignage et presque comme un roman. le style est très abouti, direct, assez fort pour traiter un tel sujet avec la distance nécessaire pour ne jamais sombrer dans le pathos.

A sa manière, Daniel Conrod met ainsi de l'ordre dans sa vie et ses sentiments. Il ré-enterre ses morts après avoir exprimé sa colère, son amour ou son incompréhension, preuve qu'il n'est jamais trop tard pour trouver l'apaisement.
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