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Critique de les_aventures_livresques


Claire Conruyt a publié ce texte à la rentrée littéraire dernière, et il était vendu avec un bandeau signant là un « conte onirique et gothique ». Il était évident que cela allait m'intéresser, avec un descriptif pareil, et c'est alors tout naturellement que je me suis rué dessus le jour de la sortie. Je crois l'avoir lu directement, sans attendre. J'écris ces mots en février 2024, il m'aura donc fallu presque 6 mois pour pouvoir décrypter ce que ce roman m'a fait éprouver. le mot choisi l'est pour une raison : je n'ai pas « ressenti », je n'ai pas « vécu », mais bien subi ce roman absolument outrageant, énervant, insolent de beauté. Ce fut une véritable révélation pour moi, comme quelque chose qui vous arrive alors que vous n'aviez aucune idée qu'elle allait advenir. Une mort, un amour… C'est du même niveau, après tout, dans ce livre du moins. Nous suivons une petite famille qui s'exile sur l'île de Sjena – qui m'a envoyé de très grosses ondes grecques, même si je pense qu'elle sort tout droit d'un esthétisme propre à l'imagination auctoriale –, et, sur cette île, de grandes batailles vont être menées par le trio inconnu. Bérénice, cette mère malade, ou folle, à la fois objet de fascinations, mystérieux autant que colérique ; Orphée qui voyage sans savoir où, et sans que personne de son entourage ne sache ce qu'il fait, avec qui il est ou discute… Et puis, face à ces deux incompris : Pierre, le fils aîné, le fils normal, le véritable incompris, qui ne cherche qu'à bien faire, autant qu'à sauver sa famille (surtout préserver ce qu'il en reste). Autant dire que ce trio infernal m'a immédiatement séduit, j'ai adoré ce renversement conventionnel de la réception familial face au destin d'autrui, cette sorte d'insensibilité malgré les tentatives : Bérénice qui ressemble à Orphée et qui se ciblent autant qu'ils se complètent, Pierre qui n'arrive pas à les comprendre, qui en reste loin… Il est celui qui ne comprend pas, autant que celui qui n'est pas compris. Cet outsider m'a ému par ses tentatives, par ses batailles vaines dès leurs ébauches. Je pense que les termes d' « onirique » et « gothique » ne pouvaient pas être mieux choisis pour décrire cet ouvrage : il y avait une sorte de mysticisme ambiant rendant l'ambiance vraiment très particulière. Tout était sombre, et je pense que l'auteur a parfaitement su donner le titre à son roman, car j'avais l'impression d'être dans une de ces nuits claires, bien que noires, où une lune bleutée vient s'échouer dans l'air et sur le sol de cette île mystérieuse. Les apports narratifs provenant des rêves des différents personnages (tout autant que les insertions poétiques) ont apporté comme la vision d'un autre monde. J'hésite à donner un terme galvaudé pour ce roman, comme une sorte d'aventure que Pierre se voit attribuer : un sauvetage. Peut-être, enfin, une histoire où Orphée a besoin, lui aussi, d'être sauvé.

J'avais de très grandes attentes pour un ouvrage décrit comme « onirique » et « gothique », et je crois que mes perceptions ont été démultipliées par mille. L'antonyme de la déception ne suffirait pas pour exprimer mon adoration pour cet ouvrage merveilleux, puissant, poétique, sauvage et parfois effrayant. C'est une grâce, une beauté qui mène à un monde inconnu pour se sauver de soi. {20}
Lien : https://clemslibrary.wordpre..
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