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Critique de Missbouquin


Décidément, ce mois-ci les classiques n'ont pas la côte chez moi ! Publié en 1816, ce roman raconte les aventures amoureuses d'Adolphe, jeune homme qui passe d'une femme à l'autre jusqu'à ce qu'il rencontre Ellénore. Petit à petit, une passion se noue entre ces deux êtres indolents et profondément romantiques : “elle me permit de lui peindre mon amour; elle se familiarisa par degrés avec ce langage : bientôt, elle m'avoua qu'elle m'aimait.”

Mais comme on pouvait s'y attendre, Adolphe sent peu à peu cette passion s'éteindre : “que peut, pour ranimer un sentiment qui s'éteint, une résolution prise par devoir ?” mais il ne se l'avoue pas tout de suite. Or, “dès qu'il existe un secret entre deux coeurs qui s'aiment, dès que l'un d'eux a pu se résoudre à cacher à l'autre une seule idée, le charme est rompu, le bonheur est détruit.” Cependant, ce n'est pas si simple de rompre car Ellénore a tout quitté pour lui, il est donc responsable d'elle, qui n'a aucune ressource. de plus, d'un coeur tendre mais aussi très lâche, il hésite à lui faire du mal, préférant fuir les confrontations et les pressions que la bonne société fait peser sur lui.

“La grande question dans la vie, c'est la douleur que l'on cause, et la métaphysique la plus ingénieuse ne justifie pas l'homme qui a déchiré le coeur qui l'aimait. Je hais d'ailleurs cette fatuité d'un esprit qui croit excuser ce qu'il explique.”

Et à la fin, la réponse factice de la personne à qui l'on a raconté l'histoire d'Adolphe et nous en dit plus sur son avenir, conditionné et expliqué par cette aventure :

“J'aurais deviné qu'Adolphe a été puni de son caractère par son caractère même, qu'il n'a suivi aucune route fixe, rempli aucune carrière utile, qu'il a consumé ses facultés sans autre direction que le caprice, sans autre force que l'irritation.” C'est bien tout cela déjà que l'on voit évoquer dans le récit court de l'histoire d'Adolphe et d'Ellénore. Un jeune homme qui se laisse porter par la vie, mené par tous et n'en fait rien.

Benjamin Constant se fait bien ici le précurseur du romantisme, dépeignant avec force et précision les passions qui peuvent se déchaîner en l'homme, mais également ses faiblesses, qui ne sont que trop nombreuses. “Ma surprise n'est pas que l'homme ait besoin d'une religion; ce qui m'étonne, c'est qu'il se croie jamais assez fort, assez à l'abri du malheur pour oser en rejeter une.”

Finalement, ce que j'ai apprécié : la lucidité du narrateur, avec l'esprit critique de la jeunesse = “Les hommes se blessent de l'indifférence, ils l'attribuent à la malveillance ou à l'affectation; ils ne veulent pas croire qu'on s'ennuie avec eux naturellement.”

Mais ce qui m'a contrarié : la vacuité de la vie de ces deux êtres, qui ne savent que pleurnicher et se rendre malheureux.

Une chronique en demi-teinte donc. Cependant, je ne suis pas sûre que je ne le relirai pas un jour, car ce n'était peut-être pas le bon moment pour l'apprécier.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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